Pune & Mumbaï: Les dernières étapes d’un long voyage

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C’est reparti pour une trentaine d’heures de trajet! Notre destination est Pune (prononcer Puné) une ville industrielle, pas vraiment touristique, dans laquelle vivent deux de mes ex-collègues : Souvik et Dirahj.

Nous quittons Udaipur vers 17h pour arriver à Ahmedabad 11h plus tard, à 4h du matin. Nous passerons une bonne partie de la nuit dans la salle d’attente de la gare, qui fait aussi dortoir !

Nous quittons Ahmedabad au petit matin et montons dans le train pour Bombay. Encore 9h de patience dans la chaleur de la journée et la cohue des trains indiens. A l’arrivée, nous sommes heureux de retrouver Souvik qui est venu nous chercher jusqu’à Bombay. Nous prenons avec lui le train pour Pune, situé à “seulement” 3-4h heures de train. Nous en profitons pour discuter avec Souvik. Géraldine le connait aussi car il est venu plusieurs mois en France l’année dernière pour une formation. Arrivés à Pune, un taxi nous attend et nous roulons une bonne heure pour arriver chez Souvik (les villes indiennes sont définitivement trèèèèès étendues!)

Souvik achète un repas à emporter car il n’a visiblement pas l’habitude de cuisiner lui-même (une employée vient chez lui tous les jours pour faire le ménage et préparer à manger). Etant originaire de Calcutta, il a quitté sa famille pour venir travailler ici et vit seul à Pune. Cela nous parait anodin, mais en Inde les gens vivent généralement en famille, les différentes générations habitant sous le même toit et prenant soin les unes des autres: Les parents ou grands-parents s’occupent des enfants puis une fois qu’ils ont grandi ces mêmes enfants s’occupent de leurs parents vieillissants. Ici, pas besoin de crèches ni de maisons de retraite!

Nous ne traînons pas à nous coucher car nous sommes épuisés après ces longues heures de transport, et demain Souvik nous a concocté un programme chargé!

Mardi 21 mai, nous rendons visite à Dirajh un autre ancien collègue.

Il vit également à Pune, mais avec toute sa famille. Nous avons l’honneur de rencontrer ses parents, son oncle et sa cousine. Nous sommes reçu comme des rois, et nous sommes presque gênés devant tant de générosité. Nous dégustons plein de bonnes choses pour le petit déjeuner.

Dirajh nous fait une démo de tablas (percussions indiennes) et sa cousine s’exerce au héné sur le bras de Géraldine.

Nous passons vraiment un moment agréable, et nous immortalisons cette instant par une photo avec toute la famille

Nous repartons les bras chargés de cadeaux (des épices et des mangues). Souvik a réservé les services d’un chauffeur pour la journée pour nous faire visiter les environs. Quel bonheur de se laisser guider! Nous commençons par la visite d’un temple Jaïn (plus d’info sur le jaïnisme)

Puis nous visitons un temple Krishnaga, un mouvement hindouiste qui s’apparente selon notre avis personnel plutôt à une secte. Le mouvement semble avoir beaucoup de moyens car le temple que nous visitons est flambant neuf. Un des dévots nous fait la visite en nous expliquant l’histoire de sa religion à l’aide de peintures qui décorent tous les murs du temple.

A l’intérieur des gens sont couchés face contre terre et récitent des “Hare krishna” (prières). A l’heure où nous arrivons (en début d’après midi) les dieux se reposent (si si!) et nous patientons jusqu’à 16h30. A cette heure, un des moines réveille les dieux en soufflant dans une conche. Des portes sont ouvertes sur des statues richement ornées (la représentation des dieux)

Nous reprenons la route pour visiter un autre temple, entouré d’un parc. Les routes indiennes sont toujours pleines de surprise comme par exemple ce camion, réduit au strict minimum!

Heureusement sur le tableau de bord de notre taxi trône Ganesh, le dieu à la tête d’éléphant qui nous permettra d’éviter tous les obstacles sur notre chemin.

Nous irons visiter un dernier temple hindou à la tombée de la nuit. Il est très richement décoré et bien mis en valeur par des éclairages, malheureusement les photos sont interdites.

Nous finissons la journée par un repas au restaurant. Nous mangeons des thalis (assortiment de plats servis dans un plateau) et les serveurs nous resservent à volonté. Autant dire que nous sortons repus!

Le lendemain nous quittons Pune en bus car les trains sont complets. Nous faisons nos adieux à Souvik qui nous accompagne jusqu’au terminal de bus. Nous arrivons à Mumbai (Bombay) à 14h30, la dernière étape de notre périple en Inde mais aussi de notre voyage (snif!). Nous rejoignons l’hôtel que nous avons réservé à l’avance car il n’est pas facile de trouver d’hébergement bon marché à Bombay. Nous profitons de la fraîcheur de la fin de journée pour sortir acheter quelques souvenirs (il est grand temps) et je fais le tour des tailleurs pour essayer de me faire faire un costume sur mesure. Nous passons par le Taj Mahal hotel, l’hôtel le plus prestigieux de l’Inde, et par la “Gateway of India”, sorte d’arc de triomphe, construite en 1914.

Jeudi 23 mai, après une nuit étouffante et rythmée par le brouhaha permanent du ventilateur, nous craquons et allons payer le supplément exorbitant (8€/nuit) qui nous permet d’activer la climatisation dans notre chambre. Nous n’avons quasiment jamais eu la clim depuis le début de notre voyage, mais ici en bord de mer l’humidité est élevée et la chaleur difficilement supportable.

Nous prenons un taxi pour nous rendre à 11h30 précise à Churchgate station pour observer un curieux manège : le ballet des dabbawallahs. Littéralement, ce sont des livreurs de gamelles. Leur rôle a pour origine un fait social persistant et lié au castes : Pour de nombreux indiens, il est interdit d’ingérer de la nourriture préparée n’importe comment et par n’importe qui. Les épouses préparent donc le précieux repas à la maison puis il passe de main en main via le puissant réseau des dabbawallahs pour arriver jusqu’au lieu de travail du mari pour l’heure du repas. Plus de 200 000 gamelles sont livrées chaque jour par ce système!

Arrivés en train à la Churchgate station, les paniers repas sont ensuite triés à même le trottoir puis redirigés vers d’autre dabbawallahs pour continuer leur chemin à pied, en charrette ou en vélo.

L’après midi je visite la ville à pied tandis que Géraldine reste se reposer à l’hôtel. L’influence de la colonie anglaise est très forte et la ville est magnifique. Beaucoup de rues sont pavées, il y a plein de petits parcs pour apporter un peu de verdure dans la ville et surtout des bâtiments somptueux, comme par exemple la gare Victoria station.

Les taxis contribuent aussi à l’atmosphère british. Ce sont des toutes petites Fiat (Padmini pour les connaisseur) noires et jaunes qui bourdonnent comme des abeilles dans toute la ville (car les rickshaws sont interdits à Bombay)

Je fini par l’école d’art et le Crawford market. J’achète quelques épices pour ramener en France et je fais aiguiser mon opinel, qui ma fidèlement suivi tout autour du monde et qui me sera lâchement confisqué quelques jours plus tard à l’embarquement de l’Eurostar (Grrrrrrhh!!!).

Le lendemain Géraldine se joint à moi pour la promenade matinale. Nous parcourons Colaba causeway à la recherche des derniers cadeaux à ramener en France. Je passe faire un essayage chez “Karl Lagerfeld”, mon tailleur ayant une troublante ressemblance avec le célèbre couturier. Nous testons pour la première (et dernière) fois le MacDo en Inde. Ici pas de Bigmac biensûr car aucun sandwich à base de bœuf n’est servi (Je rappelle pour ceux qui ne suivent pas que les vaches sont sacrées en Inde, et même plus respectées que les êtres humains). Le burger végétarien est pas mal…

Pour la fin d’après midi, nous allons à la plage de Bombay: Chowpatty beach. Le coin est agréable mais la baignade pas vraiment recommandée étant donné la propreté de l’eau 😉

Vous remarquerez que ici on ne se met pas en maillot de bain, même à la plage.

Après une balade dans un parc surplombant la ville, nous rentrons à l’hôtel pour passer ce que nous pensions être notre dernière nuit en Inde.

Samedi 25 mai c’est le grand retour. Notre réveil sonne de bonne heure pour nous laisser le temps de boucler nos sacs à dos une dernière fois, ce qui n’est pas une mince affaire avec tout ce que nous avons acheté avant de rentrer. Nous arrivons à l’aéroport à 10h et là on nous annonce que notre avion pour Londres est reporté…au lendemain! Sacré retard! Nous sommes tristes de ne pas retrouver nos amis anglais dès ce soir mais pour compenser, nous sommes pris en charge intégralement et logés au Mumbai Grand Hyatt Hotel, s’il vous plait! Bien que nous ne nous sentions pas vraiment à notre place ici en chaussures de rando et avec nos sacs à dos, nous profitons bien de l’hôtel : Piscine, buffet à volonté, écran plat dans les chambres. Sommes-nous vraiment encore en Inde ici ?

Après une courte nuit (dommage de devoir se lever à 3h du mat’ quand on dort dans le lit d’un hôtel 5 étoiles!), nous sommes conduits à l’aéroport. Nous embarquons dans l’avion pour 9h de vol, qui ne seront qu’une formalité après les dizaines de milliers de kilomètres que l’on a déjà parcourus. Cette fois, c’est vraiment la fin…

Une nuit dans le désert

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Lundi 13 mai 2013, 21h15: Une demi-heure avant le départ, nous nous rendons au quai indiqué sur les panneaux d’affichage de la gare. Notre train est déjà là et nous y montons, contents de pouvoir nous installer le plus vite possible dans nos couchettes. D’ailleurs le train part avec un quart d’heure d’avance, pour une fois nous serons peut-être à l’heure à l’arrivée! Mais les choses se gâtent… Il y a déjà quelqu’un à ma place. Après vérification de son billet, il ne fraude pas: nous avons bien tout les deux les mêmes numéros de place! Hum, étrange… l’homme nous annonce alors que nous ne sommes pas dans le bon train et nous mettons quelques minutes à comprendre qu’il a raison!! On comprend mieux alors le départ anticipé. Dans notre détresse et parmi la foule d’indiens nous apercevons un autre couple de touristes en pourparler avec un contrôleur. Il s’avère que (outre le fait qu’ils soient français), ils sont exactement dans la même situation que nous. Mais pas d’inquiétude, 5 minutes plus tard, le train fait demi-tour et retourne à la gare de départ. Est-ce suite à leur demande ou s’agissait-il d’un manœuvre planifiée…nous ne le saurons jamais, mais nous sommes bien contents de pouvoir redescendre et attraper le bon train cette fois.

La suite du voyage se déroule sans encombre et nous arrivons de bon matin à Jaisalmer. Encore tout endormis, nous suivons un chauffeur/rabatteur qui nous emmène dans son hôtel, et pas celui qu’on lui avait demandé. On commence à être rodé à ce petit jeux 😉 Après une longue hésitation, nous décidons de ne pas séjourner dans son hôtel et nous arrivons à nous éclipser après un long baratin (ça nous aura quand même fait économiser une course de taxi!) Nous n’aurons pas trop de mal à trouver un autre hôtel en plein cœur de la forteresse car la ville est désertée des touristes à cette saison. Il faut dire qu’il fait un bon 45°C au plus chaud de la journée, ce qui n’est pas très propice à la balade.

Pourtant la ville est magnifique, posée en plein milieu du désert et surplombée par sa forteresse qui ressemble à un château de sable géant. On la surnomme la ville jaune.

On y trouve des havelis, des demeures somptueuses construites par de riches marchands.

Certaines se visitent comme de véritables musées.

Nous passons une bonne partie de la journée à déambuler dans les petites ruelles et à se perdre dans la ville. C’est très vivant et pittoresque.

Le lendemain nous partons en expédition dans le désert, pour y passer une nuit à la belle étoile. Le propriétaire de l’hôtel qui nous à organisé le tour, nous confie à un chauffeur, qui lui même va nous confié à son frère qui nous conduit jusqu’à Barna. Après une bonne heure de Jeep nous arrivons dans ce petit village, dans lequel la civilisation semble bien éloignée. Pas de rue, pas de route, pas d’eau courante, les bâtiments sont fait de torchis.

Nous sommes alors confiés au chamelier qui, après avoir sellé les dromadaires nous laisse partir avec deux jeunes du village en promettant de nous rejoindre plus tard (on l’attend toujours!) Le démarrage est fort en sensation, surtout le moment où le dromadaire se lève! Après ce petit rodéo nous nous laissons bercer par le balancement régulier de l’animal.

Nous apprécions les paysages du désert et observons les animaux qui vivent dans cet environement très aride.

Après deux heures de balade nous nous dirigeons vers une zone de dune (un erg, pour les connaisseurs ou les cruciverbistes 😉 ). C’est là que nous allons manger et passer la nuit. Nous ne sommes pas fâché de nous arrêter car on ne peut pas dire que le dromadaire soit le moyen de transport le plus confortable qu’on ait pris depuis le début du voyage.

Visiblement nous ne sommes pas les seuls à être fatigués puisque Kaloo et Papaya, nos deux montures, ont l’air épuisées aussi!

Seuls nos deux jeunes guides sont pleins ressources et s’en vont parcourir le desert à la recherche de bois mort pour faire le feu. Ils nous préparent ensuite des pakoras et un dhal bat avec les moyens du bord (la vaisselle est nettoyée au sable…original mais assez efficace).

Nous profitons du coucher de soleil, seuls, en plein milieu du désert…un moment magique!

Enfin, “seuls” pas vraiment puisque nous sommes envahis par des dizaines de scarabées qui courent partout sur le sable et qui se font une joie de venir nous grimper dessus.

Nous nous couchons dans un silence absolu, avec un panorama merveilleux sur le ciel étoilé…seul l’odeur laisse un peu à désirer car notre lit est fait avec les couvertures qui servent à positionner la selle sur le dos du dromadaire. Nous ne sommes pas mécontent d’avoir pris nos propres sacs de couchage 😉

Nous sommes réveillés de bonne heure car le soleil se lève tôt. Nos deux guides s’empressent de rallumer un feu pour préparer le chai (thé indien).

Après le petit déjeuner nous nous baladons à pied dans les dunes puis remontons sur les dromadaires pour prendre le chemin du retour vers le village.

Après avoir récompensé nos “chameliers juniors” pour leur professionnalisme, nous visitons le village dans lequel la vie semble s’écouler lennnnnntement, rythme imposé par la chaleur assommante qui règne dans le désert. Notre jeep est au rendez-vous et nous retournons à Jaisalmer, pas mécontent de pouvoir prendre une douche rafraîchissante.

Nous quittons la ville par le train de 23h30, ce qui nous laisse le temps de se balader encore une fois dans le dédale de ruelle de la forteresse, et d’apprécier la vue depuis les remparts.

Le gérant de notre hôtel est sympa puisqu’il nous laisse profiter de notre chambre gratuitement jusqu’au soir. Cela nous permet de bien nous reposer après cette nuit à la belle étoile, d’autant plus que l’étape qui nous attend va être longue: Après une nuit dans le train nous arrivons à Jodhpur au petit matin, et nous avons tout juste le temps de sauter dans le bus qui nous conduit à Udaipur, où nous arriverons dans l’après-midi, 7h de route plus tard…

A la tombée de la nuit, je m’offre une petit promenade au bord du lac, tandis que Géraldine reste à l’hôtel pour se reposer. Le quartier qui borde le lac est vraiment joli, et je comprend pourquoi Udaipur est aussi appelée la petite Venise indienne.

Le lendemain, je me balade du coté du City palace, l’ancien “QG” des Maharajas! Si l’extérieur est grandiose, l’intérieur me passionne moins (on peut y voir la chambre du maharaja, les peintures du maharaja… les toilettes du maharaja…)

En me baladant sur les quais, je discute avec un musicien qui est posé là, avec toute sa famille. Il essaye de me vendre son instrument, confectionné par ses soins, mais je m’en sort en expliquant que je n’ai pas assez de place dans mes bagages!

En marchant dans les jardins du palace je me demande quels sont les fruits bruns qui jonchent le sol; j’ai ma réponse en levant la tête!

Ce ne sont pas des fruits mais des crottes de chauve-souris !! Et quelles chauve-souris ! Je n’en ai jamais vu des si grosses, elle font la taille d’un poulet ! (d’ailleurs ici, en anglais, on les appelle “vampire” et non “bat”)

Je ne m’éternise pas trop dans le coin!

Au coucher du soleil, je me pose aux lavandières (les quais utilisés pour faire la lessive) pour observer le spectacle incessant de la vie indienne. Je contemple, au milieu du lac Pichola, le Lake palace, un des symbole de la ville. Construit par un maharaja, il a aujourd’hui été transformé en hôtel de luxe.

Dimanche 19 mai 2013, c’est notre dernier jour à Udaipur et nous décidons de tenter un nouvelle fois des cours de cuisine après un échec cuisant, c’est le cas de le dire, à Jodhpur. Pour cette nouvelle tentative, nous nous rendons dans notre resto favoris. Nous y avons rendez-vous avec un des cuistots, qui nous apprend à faire du riz biryani, des naans, des malai kofta, des aloo jeera et du sahi paneer. Notre professeur est très intéressant et le résultat ravi nos papilles. Nous espérons pouvoir refaire ça une fois rentrés en France.

Nous quittons Udaipur dans l’après midi et c’est reparti pour plusieurs dizaines d’heures de train.

Pushkar, la blanche et Jodhpur, la bleue

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Dans le train pour Pushkar, nous apprécions une nouvelle fois la convivialité et l’hospitalité de certains indiens. Un homme, qui parle un bon anglais, discute avec nous pendant une bonne partie du trajet. Il travaille à l’Indian Railways (l’équivalent de la SNCF en Inde) et appartient à une classe plutôt aisée vu le nombre de maisons qu’il possède. Arrivés à Ajmer, il nous aide à trouver un bus vers Pushkar ce qui nous permet de payer seulement quelques roupies, au lieu du prix “touriste”. Nous attendons le bus presque une heure mais notre compagnon de train reste avec nous pour être sûr que nous montions dans le bon véhicule. Son aide ne sera d’ailleurs pas négligeable quand le bus arrive enfin et qu’une cohue d’une vingtaine de personnes se précipite à ses portes… Notre ami indien passe nos sacs par la fenêtre à des passagers du bus pendant que nous essayons de jouer des coudes pour monter. Le trajet est rapide et nous arrivons enfin à Pushkar, une mignonne petite ville toute blanche, lovée autour d’un lac et dominée par des collines.

En plus d’être un haut-lieu de la religion hindou, Pushkar est célèbre pour sa fameuse foire aux chameaux qui a lieu tous les ans en novembre, et qui est considérée comme la plus grande du pays. Même si nous ne sommes pas à la bonne période, on croise des chameaux à chaque coin de rue.

Après la sieste réglementaire pour éviter les grandes chaleurs, je pars explorer les environs. Je grimpe au Savitri, un temple perché sur une colline au sud-ouest de la ville. Pendant la grimpette d’une bonne quarantaine de minutes je croise plein de singes qui me font presque rebrousser chemin. Ils sont installés en travers du passage par dizaines, et ceux qui ont des enfants sont très agressifs pour protéger leurs progénitures.

Arrivé en haut le panorama est à couper le souffle. On distingue bien le lac carré entouré de la ville, dont tous les bâtiments sont peints en blanc.

Et tout autour, le désert…

Le lendemain je me réveille avec une petite surprise. Je n’ai pas très bien dormi car j’avais comme des démangeaisons pendant la nuit. En me levant je comprend mieux pourquoi, je suis “mitraillé” de petits boutons rouge dans le dos, alignés par série de trois ou quatre. Puces, punaises de lit? Géraldine qui a dormi dans le même lit n’a rien! Par précaution, la propriétaire de l’hôtel nous propose de changer de chambre même si la propreté du lit n’avait rien de suspecte…

Tout en me grattant dans tout les sens, je pars me promener sur les berges du Lac avec Géraldine. A l’aurore, les Ghats (quais du lac) sont le théâtre de rituels religieux en tout genre : offrandes, ablutions, prières. On retrouve l’ambiance très spirituelle de Varanasi. En revanche, ici, les photos sont interdites ce qui n’est pas plus mal pour la tranquillité des pèlerins. Pour vous donner une idée, voici une représentation du lieu en peinture.

Nous profitons du reste de la journée pour nous promener dans la ville et apprécier les scènes de la vie quotidienne.

La journée du 11 mai est une journée de transit. Nous regagnons Ajmer en bus puis prenons le train pour Jodhpur. Nous y arrivons avec 2h30 de retard, c’est à dire vers minuit, ce qui ne nous réjouis pas trop car nous n’avons nul part où dormir! Nous repérons une adresse dans le routard et demandons à un chauffeur d’auto-rickshaw de nous y emmener. Il acquiesce mais nous emmène en réalité dans un autre hôtel (tenu par sa tante, comme par hasard) en prétextant que l’hôtel de notre guide est fermé…Le coup classique! Nous discutons longuement avant qu’il accepte de nous emmener à l’endroit convenu initialement. Bon…il se trouve que l’hôtel est réellement fermé, voir même abandonné 😦 Sachant qu’on est en pleine nuit, que les rues sont désertes et que tout est fermé on retourne finalement chez la tante du chauffeur qui s’avérera être plutôt sympathique.

Après une bonne nuit de repos, nous profitons de la terrasse pour prendre le petit déjeuner en admirant le fort de Mehrangarh.

Comme nous sommes les seuls clients de l’hôtel, le restaurant n’est pas ouvert mais la gérante nous propose de partager avec nous le repas qu’elle prépare pour sa famille, ce que nous acceptons volontiers. Nous l’aidons un peu pour la cuisine ce qui nous permet d’apprendre quelques techniques indiennes. La femme est jaïne ce qui lui interdit de consommer de la nourriture qui n’a pas été préparée le jour même. Tout est donc préparé en direct, sous nos yeux. Comme à chaque repas depuis que nous sommes en Inde, nous nous régalons.

Nous partons visiter la vieille ville dans l’après-midi.

En fin de journée, nous sommes interrompus par un orage accompagné d’une petite tempête qui soulève des nuages de poussière et rend les rues impraticables.

Le lendemain, forts de notre petite expérience en cuisine, nous décidons de prendre des vrais cours de cuisine indienne. Nous nous rendons au rendez-vous mais la prof de cuisine officielle n’est pas là et c’est sa sœur qui la remplace. Dans les cinq premières minutes nous comprenons que la femme n’a jamais donné de cours de cuisine, et même peut-être jamais cuisiné de sa vie !! C’est la cata et nous essayons de l’aider sans trop la vexer. Nous mangeons ensuite le biryani qu’elle a essayé de nous cuisiner mais les oignons sont brûlés, le riz n’est pas cuit et l’assaisonnement est à revoir. Nous fuyons dès qu’on peut…et passons manger au resto !

L’après-midi est plus intéressante, nous nous rendons au fort de Merhangarh, qui surplombe la ville.

La forteresse a été construite en 1459 par Rao Jodha, qui a donné son nom à la ville (Jodhpur). Nous prenons un audioguide pour profiter au maximum de la visite.

L’intérieur comme l’extérieur est finement décoré, de quoi héberger dignement les Maharajas qui vivaient ici jusqu’au début du XXème siècle.

Mais le clou du spectacle, c’est le panorama sur la ville bleue offert du haut des remparts. Je dirais même plus, la vue est canon 😉

Les couleurs ne sont pas sans rappeler les îles grecques.

Après les habituelles séances photos suite aux sollicitations des touristes indiens, nous redescendons à pied vers la ville. Nous traversons des rues pas très clean, mais où les vaches semblent se sentir à l’aise, même si la paille est remplacée par un tapis de déchets.

Nous passons une bonne partie de la soirée dans la gare car notre train ne part qu’a 23h45 et nous avons rendu notre chambre d’hôtel depuis midi, mais ce n’est pas un souci: dans les gares indiennes on ne s’ennuie jamais, observer le fourmillement incessant des passagers est une occupation à temps plein!

Agra et Jaipur: mode “tourisme intensif” activé

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C’est l’heure des adieux avec Mich. Après un ptit déj’ sur le toit de l’Everest kitchen, nous prenons le train pour Agra, la ville du Taj Mahal. Il n’y a que 3h30 de trajet et nous arrivons en milieu d’aprem, sous une chaleur torride. Une fois à l’hôtel, nous croisons par le plus grand des hasards, Greg, un anglais qui était volontaire à la ferme Baluti en même temps que nous.

Nous déjeunons dans le patio de l’hôtel et laissons passer les grosses chaleurs en nous accordant une petite sieste. En fin d’après-midi nous allons visiter le mausolée d’Itimad-ud-Daulah, plus connu sous le nom de “baby Taj”.

Le mausolée fut construit à l’initiative de Nûr Jahân, pour son père Mirza Ghiyas Beg. Notre chauffeur de rickshaw nous emmène ensuite au jardin Mehtab Bagh, d’où l’on peut contempler le vrai Taj Mahal situé de l’autre coté de la rivière et éclairé par la lumière du soleil couchant.

Pour nous y rendre, nous traversons la “banlieue” d’Agra. Visiblement, tout le monde ne profite pas de la manne touristique que représente le Taj Mahal, et nous sommes étonnés de voir que la ville est très pauvre. Beaucoup de gens vivent dans des bidonvilles, sous des abris fabriqués avec des bâches et des sacs en plastique.

Nous nous réveillons aux aurores le lendemain matin pour aller visiter le Taj Mahal avant l’afflux touristique. Nous traversons des jardins magnifiques puis une immense porte avant d’apercevoir le mausolée.

Car il s’agit bien d’un mausolée, et oui, toute cette immense construction en marbre blanc n’a qu’un seul but : abriter la sépulture de la femme du Maharaja et bien sûr lui rendre hommage. Et le moins qu’on puisse dire c’est que c’est réussi! La finesse des sculptures, la pureté du blanc et l’immensité de la construction ne laisse personne de marbre 😉

Il s’agit d’un bâtiment musulman, il est donc interdit d’y pénétrer en chaussure. Nous enfilons des petits chaussons en tissu et les gardiens n’en sont pas exempts.

Après cette visite nous comprenons mieux pourquoi le Taj Mahal est le monument le plus visité d’Inde.

Nous consacrons la deuxième partie de la journée à la visite du fort rouge, la deuxième attraction touristique majeur de la ville. Il s’agit du palais du Maharaja, construit dans le style moghol.

Pour la fin du voyage, notre planning est calibré au jour près car il nous reste assez peu de temps et encore plein de belles choses à voir avant de rentrer en France.

Nous quittons Agra dès le lendemain pour entrer dans le Rahjastan (région du Nord-Ouest de l’Inde). Arrivés en gare de Jaipur, nous marchons une bonne demi heure en plein cagnard pour trouver un hôtel. Géraldine nous fait une petite surchauffe (insolation) et nous passons l’après-midi à se reposer à l’hôtel. C’est d’autant plus agréable que nous avons atterri dans un hôtel de luxe ! Pour un budget légèrement au dessus de notre notre moyenne (10€ au lieu des 5€ habituels!) nous dormons dans une super chambre avec clim, télé et salle de bain propre! (Sunder Palace)

Le jour suivant je me rends dans le centre de la “ville rose” (bien mais pas top!)

Je visite le Jantar Mantar, un observatoire astronomique construit au XVIIème siècle. On y trouve de nombreux instruments qui permettent de suivre le mouvement des astres, de mesurer le temps…On comprend ici toute l’importance de l’astronomie dans la culture indienne. Il y a notamment un cadran solaire de 22 mètres de haut, qui donne l’heure avec une précision de 2 secondes!

Pour les non initiés, on se croirait plutôt dans une exposition d’art contemporain!

Géraldine se joint à moi dans l’après midi pour aller visiter le palais des vents. Cependant, notre tentative tourne à l’échec car il est en rénovation. Malgré tout la façade est impressionnante même à travers les échafaudages.

Notre chauffeur de rickshaw nous redirige vers le palais du lac.

Comme partout en Asie, les deux roues sont exploités au maximum. Nous dépassons une moto avec 5 passagers, mais cela ne bat pas le record dont nous avons été témoin au Laos: 7 personnes.

Nous nous rendons ensuite au Monkey Temple. Même si l’endroit est fameux pour le panorama qu’il offre sur la ville, ce qui nous a le plus surpris là-bas est la profusion d’animaux en tout genre : des singes bien sûr mais aussi veaux, vaches, cochons, et chèvres, nourris allègrement par les habitants du quartier. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils cohabitent dans un joyeux bazar, à l’image de ce singe qui s’offre un rodéo à dos de cochon !

Nous quittons Jaipur le 9 mai 2013.

Delhi II, le retour!

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Vendredi 3 mai 2013, après notre interlude à la campagne, nous nous mêlons de nouveau à la ferveur urbaine de Delhi. Hasard des calendriers, Antonin y sera aussi dès le lendemain. Nous posons nos sacs à dos pour la deuxième fois au Cozy Inn. Antonin s’est lui aussi laissé convaincre par l’endroit.

En attendant de le retrouver nous partons à la découverte du quartier tibétain de Delhi. Nous avons un peu de mal à nous repérer mais nous traversons des rues aussi typiques qu’agréables. Grâce aux indications des habitants, nous finissons par repérer les drapeaux de prières sur un pont qui nous conduisent à la bonne destination.

Nous retrouvons la promotion des fameux “momos”, ces petits chaussons tibétains fourrés à la viande ou au légumes. Même la publicité Coca-cola joue le jeu.

Le quartier n’est pas très grand et ne présente pas vraiment d’intérêts, il est en effet très “aseptisé” et propose surtout des services pour les touristes souhaitant se rendre au Tibet. Mais je trouve de jolis souvenirs. Le soleil se couche lorsque nous quittons les lieux.

A quelques pas de la quiétude du quartier tibétain nous sommes surpris de trouver un énorme pont en construction! Bizarrement, ici on commence par le tronçon central.

Nous empruntons un autre chemin pour rejoindre la station de métro la plus proche. Un nuage de poussière a envahit la rue, les travaux battent leur plein, des immeubles immenses poussent comme des champignons.

Le contraste entre la modernité et un mode de vie plus ancien est bien marqué: face aux constructions flambant neuves trône le parking des rickshaws les plus modestes, ceux à pédales.

Face aux balais des camions, les enfants jouent au cricket en toute indifférence, le sourire aux lèvres.

Nous traversons aussi en pleine ville une “décharge-porcherie” à ciel ouvert:

Lorsque nous atteignons enfin la station de métro, c’est l’heure de pointe! Nous mettons plus d’une trentaine de minutes pour acheter notre billet! Encore une fois, il faut être vigilent pour ne pas se faire doubler à tout va, mais d’autres personnes veillent aussi, et ceux qui tentent se font rembarrer sans ménagement.

Le lendemain nous retrouvons Antonin et partons en direction du “vieux Delhi”.

Nous passons au hasard devant un temple sikh que notre curiosité nous pousse à visiter (voir l’article précédent pour plus d’info sur le sikhisme). Nous sommes très impressionnés par l’organisation qui existe autour du temple, une vraie fourmilière. Nous pouvons confié nos chaussures gratuitement au vestiaire. Ceux qui le désirent peuvent se faire cirer leur chaussures pendant ce laps de temps, voir même les faire réparer. Il existe aussi une distribution de repas et d’eau pour les fidèles.

Nous pénétrons à l’intérieur, la tête couverte comme le veut les préceptes de cette religion et nous nous asseyons dans la grande pièce.

De la musique est jouée en live tandis que des fidèles prient.

Nous nous rendons ensuite devant la mosquée Jama Masjid, qui est la plus grande mosquée de l’Inde. Nous sommes stupéfaits par la beauté du lieu. En revanche, la personne de l’entrée n’est pas très sympathique et elle veut nous faire payer un “droit de photographier” exorbitant pour chacun de nos téléphones. Finalement, devant notre réticence, le gardien prend la mouche et nous refuse carrément l’entrée du site! Pour tout avouer, on hallucine un peu, mais ils nous en faut plus pour nous décourager. Nous partons en direction de l’entrée opposée!

L’autre gardien est plus disposé et nous entrons sans rien payer, mais nos appareils photos restent bien rangés au fond du sac. On regrette presque de ne pas avoir pris un permis car c’est vraiment magnifique: la lumière rasante du soleil sur le grès rouge donne une ambiance magique.

Nous nous pressons car les femmes et les touristes sont interdits dans l’enceinte de la mosquée après le coucher du soleil. Et la consigne est scrupuleusement appliquée, on nous presse vers la sortie avant l’heure fatidique.

Depuis les marches de la mosquée, nous avons vue sur l’imposant fort rouge de Delhi, que nous n’aurons pas le temps de visiter cette fois.

Nous prenons ensuite la direction du marché à épices. Les petites rues sont bondées et on assiste à de véritables embouteillages de piétons!

Tandis que nous marchons dans la rue, nous commençons plus ou moins à éternuer et à avoir les yeux et le nez qui piquent… Autour de nous les gens ont tous un mouchoirs ou un foulard à la main. Et pour cause, un commerçant nous indique qu’un entrepôt de piment à pris feu à plusieurs centaines de mètres d’ici, c’est ambiance “bombe lacrymo”!

Nous n’allons donc pas plus loin et faisons le plein d’épices dans la boutique du commerçant. C’est moins authentique qu’au marché mais les épices ont le mérite d’être bien emballées ce qui nous garantit un certain confort de transport.

Nous craquons aussi pour un mélange de fruits secs délicieusement savoureux;

Nous sous-estimons le trafic urbain, et nous mettons près d’une heure en auto-rickshaw pour rejoindre le quartier de Nizzamudin où nous retournons dans l’excellent restaurant que nous avait fait découvrir Antonin et Nicolas il y a quelques jours. Nous y retrouvons des amis d’Antonin.

Les amis d’Antonin prennent les commandes en main et nous font découvrir leurs plats préférés, dont l’équivalent du foie gras chez nous: sans nous en dire plus, Pierre joue les goûteurs: “Ça ressemble à du fromage ?” Perdu! C’est de la cervelle de chèvre. Comme nous étions dans un restaurant chic et sur l’insistance des amis d’Antonin, nous avons fait une exception sur notre régime végétarien en goûtant les plats à base de viande. Mais j’avoue que la cervelle de chèvre c’est un peu trop pour moi…

Nous finissons la soirée dans un bar à tapas, endroit surprenant après ces quelques semaines en Inde! On se croirait dans une ville d’Europe.

Les amis d’Antonin sont très prévenants avec nous, ils nous raccompagnent jusqu’à notre hôtel. Je laisse les hommes entre eux et je rentre me reposer. Demain, il faut refaire les sacs à dos, nouvelle destination: Agra, la ville du mythique Taj Mahal!

Woofing in India

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Notre train quitte Delhi à 22h. Nous arrivons avec un peu d’avance à la gare mais nous ne nous ennuyons pas car il y a toujours de l’animation dans les gares indiennes. J’observe les gamins des rues qui se faufilent sous les roues du train sans peur du danger, tout ca pour récupérer quelques bouteilles en plastique. Je me demande bien combien de roupies peuvent-ils tirer du sac de bouteilles vides quasiment aussi grand qu’eux, qu’ils traînent.

Des porteurs poussent des charrettes chargées de colis sur 2 mètres de hauteur. L’équilibre commence à devenir instable, les charretiers accélèrent le rythme pour arriver avant que tout ne s’écroule mais badaboum…Ils rigolent comme des enfants, rechargent leur charrette en hâte et repartent vers le wagon postal.

Enfin, notre train quitte la gare. La nuit est courte car nous arrivons à Haldwani à 4h30 du matin…

De là, il nous faut encore prendre un rickshaw, puis faire deux heures de bus dans un vieil autobus défoncé, qu’il faut pousser pour démarrer!
Nous arrivons à Kotabagh, mais ce n’est pas fini car la ferme est à 4km, que nous parcourons en taxi.

Samedi 27 avril 2013:

Nous découvrons enfin la ferme Baluti, où nous avons prévu de rester quelques jours en woofing (je ne vous explique plus le concept). Nous faisons la connaissance d’Arun, un ancien industriel indien qui c’est fait construire ce petit cottage au milieu de la montagne pour passer sa retraite tranquillement. Le dortoir est déjà bien plein car nous ne sommes pas les seuls volontaires, il y a déjà un hollandais, un autre français, un allemand et trois anglais. Arun nous installe donc dans le lobby, une petite annexe à 50 mètres de la maison.

Notre chambre ressemble à un bunker, et l’intérieur n’est pas plus attrayant, mais ce n’est pas grave, on a vu pire, et puis le cadre est merveilleux. La terrasse offre une vue panoramique sur les montagnes environnantes et sur la rivière asséchée au fond de la vallée.

C’est la saison sèche en ce moment et rien ne pousse, ce qui ne présage rien de bon en ce qui concerne le travail que l’on va avoir à effectuer. En effet, Robert, l’autre français qui est là depuis plusieurs jours nous confirme qu’il n’y a pas grand chose à faire. Ce n’est pas ici que nous allons apprendre beaucoup de choses sur la culture bio… Qu’à cela ne tienne, nous profitons de la première journée pour nous reposer car le trajet depuis Delhi a été fatiguant.

Dimanche 28 avril 2013:

Nous trouvons une activité pour occuper la matinée : nous construisons un escalier en pierre et en terre pour améliorer le chemin d’accès au lobby.

Nous arrêtons à midi car le soleil tape trop fort. Je plains les cantonniers indiens!

Le soir un des volontaires, élagueur de profession, sort son matériel pour faire du “tree-climbing” (dit en anglais, ça sonne tout de suite plus “sport extrême”)!

Lundi 29 avril 2013:

Je finis la construction des escaliers. Géraldine, elle, trouve un boulot au frais. Cela consiste à trier un sac de plusieurs kilos de lentilles, des cailloux qui y sont mélangés…de quoi l’occuper quelques jours! Elle prend en charge également l’arrosage des petits plans de concombres.

En fin d’après midi, à la fraîche, je pars à a découverte de Kotabagh, la ville la plus proche pour aller acheter des fruits. La marche de 45 minutes offre un panorama magnifique sur la vallée et la rivière.

La ville est toute petite et assez agréable. Un canal d’irrigation la traverse et les gens s’en servent comme salle de bain. Je rentre à la ferme avant la nuit, avec le plein de provisions.

Mardi 30 avril 2013:

Le réveil sonne à 4h du mat’. Nous avons réservé une jeep avec tous les autres woofers pour aller faire un safari au Corbett National Park, situé à une heure de route. Il parait qu’on peut y voir des tigres!

Nous rentrons dans la réserve. On voit des daims, des singes, des oiseaux et tout à coup, un éléphant ! La jeep s’arrête pour nous laisser le loisir d’observer le spécimen, avec de belles défenses.

Soudain, l’éléphant se retourne et commence à marcher dans notre direction. Le chauffeur saute dans la jeep et démarre en trombe pour fuir. Pas très rassurant !
Un peu plus loin nous croisons un autre éléphant un peu plus petit et sans défense, une femelle peut-être.

Malheureusement, les tigres que nous étions venus voir ne se sont pas montrés.

Mercredi 1 mai 2013:

Toujours pas de travail à faire aujourd’hui, et ça tombe plutôt bien vu que c’est la fête du travail en France. Je vais explorer les environs. J’atteins des petits villages de campagne où les gens ne semblent pas habitués à voir des étrangers. Il sont étonnés par ma taille et mes cheveux blonds (les indiens ont tous les cheveux foncés). Quasiment personne ne parle anglais ici dans la campagne, et moi je ne sais dire que bonjour en hindi! Du coup, la conversation et assez basique et se réduit à un échange de sourire.

La nature est luxuriante, même pendant la saison sèche. Je remarque partout sur mon chemin des bananiers et des manguiers…ce doit être le paradis des fruits pendant la mousson.

Il y a aussi beaucoup d’animaux sauvages, des singes et des oiseaux dont de magnifiques paons qui, hélas, ne se laissent pas facilement approcher.

Jeudi 2 mai 2013:

Nous quittons la ferme aujourd’hui car on ne peut pas dire qu’on s’épanouit vraiment au travail. Ce petit séjour fut malgré tout bien agréable: entre lecture, contemplation de la nature, sieste et jeux de carte, l’ambiance était plutôt calme et ça va être difficile de retourner dans l’agitation de Delhi.

Mais l’agitation commence même avant Delhi. Ne sachant pas notre date exacte de départ nous n’avons pas pris nos billets de train en avance. Il n’y a pas de guichet pour les touristes, nous devons donc déjà jouer des coudes et de la voix pour ne pas nous faire doubler par tout le monde.

Pour tuer le temps en attendant le train, nous testons une balance qui clignote comme un sapin de Noël: elle nous imprime un petit ticket avec notre poids (approximatif!) et une petite phrase sur notre journée, la version indienne de notre horoscope en quelque sorte.

Géraldine répond d’un signe de la main à un petit garçon qui lui fait coucou depuis un wagon…et là surprise… c’est tout le wagon qui lui répond à son tour! Trop drôle!

Nos billets sont sans place attitrée, ce qui promet une bataille sans merci et je n’exagère pas. Beaucoup de gens voyagent debout dans l’allée et certains vont même jusqu’à ce glisser dans les portes bagages situés au dessus des sièges. Heureusement pour nous, le train commence son voyage dans notre gare, on trouve donc des places sans difficultés, c’est parti pour 6h de voyage!

A l’assaut de Delhi, capitale de l’Inde

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Nous arrivons aux alentours de 5h30 en gare de Delhi d’où nous prenons un rickshaw pour rejoindre directement notre hotel, le Cozy Inn. Une fois n’est pas coutume, nous avons réservé une chambre, car notre guide du routard conte combien il est difficile de se loger dans les grandes villes : chambres glauques et prix exorbitants.

A 10h, nous avons rendez-vous avec Antonin (“Mich” pour les intimes), un ami d’école d’ingénieur de Pierre qui a effectué ses études durant une année en Inde et qui, hasard des calendriers, se trouve à Delhi en même temps que nous. Avec Nico, connu durant son séjour en Inde, ils sont conviés à un mariage indien.

Grâce à Nico et Antonin, nous osons enfin goûter notre premier snack “de rue”. En Inde, contrairement aux autres pays que nous avons visité, nous sommes ultra-prudents (parano? 😉 ) sur ce que nous mangeons, et surtout où!
En guise de petit déj, nous dégustons des samoussas (très épicés) accompagnés de chaï, c’est-à-dire du thé noir avec des épices, beaucoup de sucre, et du lait (ce qui apaise un peu le feu de ma bouche!). Le samoussa est le seul en-cas de rue que nous nous autoriserons durant notre séjour en Inde.

Nous partons ensuite, installés de manière très conviviale, (c’est à dire serrés comme des sardines) à quatre dans un rickshaw, à la découverte du jardin Lodi.

Le jardin abrite des tombes dans plusieurs mausolées. Les constructions sont plus ou moins soignées et entretenues. On ignore en revanche l’identité des personnes inhumées.

Le parc est très agréable. C’est surprenant de trouver pareil lieu en plein cœur de Delhi.

L’avantage de voyager avec des gens qui connaissent les lieux, c’est que nous nous laissons guidés, et après 10 mois de voyage, ce n’est pas désagréable!

En nous rendant dans le quartier Nizamuddin, le quartier musulman, nous passons devant de nombreuses échoppes.

Antonin et Nico nous emmènent dans une de leurs adresses préférées pour le déjeuner, le Karim’s. Ainsi nous goûtons sans doute aux meilleurs plats indiens depuis notre arrivée dans le pays.

Depuis le Népal, pour des raisons sanitaires, nous avons choisi de manger exclusivement végétarien. Evidemment, le saucisson nous manque, mais la seule vue d’une “boucherie” indienne nous permet de tenir notre engagement. En plus, ce n’est vraiment pas désagréable, car la cuisine végétarienne indienne est délicieuse et offre un choix infini ou presque.

Tandis qu’Antonin et Nico s’occupent de l’organisation technique pour le mariage, nous en profitons pour visiter la mosquée qui abrite le mausolée du saint soufi Hazrat Nizamuddin Auliya, d’où le nom du quartier!

L’ambiance est assez particulière. Des vendeurs d’offrandes nous aboient d’enlever nos chaussures (comme dans les temples, il est interdit de pénétrer à l’intérieur avec ses chaussures). Nous sommes un peu hésitants car nous ignorons où commence réellement la mosquée car tout est imbriqué l’un dans l’autre: les restaurants, les échoppes et les lieux de culte. Heureusement, quelqu’un nous glisse à l’oreille qu’il y a une consigne “officielle” à l’entrée de la mosquée.
Bien que nous essayons de nous montrer discrets, nous sommes rapidement le centre de l’attention, donc nous ne nous éternisons pas.

Nous flânons ensuite dans le quartier chic de Delhi, qui ressemble à n’importe quelle autre capitale du monde avec ses grands magasins et ses adresses occidentales (Mac Do, KFC, etc.)

Lorsque la journée touche à sa fin, nous regagnons le quartier de Pahar Ganj, où nous logeons. Nous gravissons de nombreuses marches pour rejoindre la terrasse perchée sur le toit d’un immeuble où les garçons s’offrent un “special tea” = une bière!! Mais elle est dissimulée dans un sac plastique noir et servie dans une tasse (peu de bars ont la licence officielle pour servir de l’alcool).

Antonin nous quitte pour retourner chez l’ami chez qui il est hébergé. Avec Nico, nous gagnons le toit de l’Everest Kitchen, petit restaurant tibétain qui sert notamment des momos exquis, et de délicieux pancakes à un prix tout à fait raisonnable. L’endroit deviendra notre cantine durant notre séjour dans la capitale indienne. En plus, il offre une vue imparable sur le fourmillement de la rue.

Nous nous donnons rendez-vous le lendemain matin. Nous accompagnons Nico qui souhaite acheter des autocollants à apposer partout, mais surtout sur les voitures. Du coup, nous aussi on achète des petits autocollants de Ganesh (dieu représenté par un éléphant). Beaucoup d’automobilistes en Inde ont des petites figurines des différents dieux dans leurs voitures, pour leur porter chance et les protéger. Dans la rue, les mécanos démontent, à même le trottoir, les voitures, motos, vélos, rickshaws, tout y passe.

En chemin, par la la fenêtre du métro, nous avons aperçu une statue très colorée et immense! Notre curiosité nous pousse jusqu’au temple d’Hanouman, un dieu à l’apparence d’un singe et c’est aujourd’hui sa fête. Il y a donc distribution de repas gratuit pour tout le monde, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a affluence. Pierre et Nico prennent un plateau, je m’abstiens étant donné que c’est très épicé!

Après avoir retirées nos chaussures, nous pénétrons dans le temple. Nous sommes assez surpris par les statues qui le compose.

Le passage d’une salle à une autre peut se faire par l’intermédiaire de gueule d’animaux, comme avec ce croco par exemple.

Nous ne nous éternisons pas car la foule ne cesse de grossir, les automobilistes commencent à s’impatienter dans les embouteillages. Une fois les plateaux repas consommés, ils sont jetés à même le sol rendant un peu plus périlleux les déplacements pour tout le monde.

D’ailleurs, un motard un peu trop pressé tente de forcer le passage, manque de chance, il glisse sur les assiettes,et s’arrête à deux centimètres de mes chevilles… Petite frayeur! Un peu plus loin c’est la bousculade, Pierre me rattrape au vol pour éviter que je m’étale sur les restes de nourriture. Je ne regrette pas de quitter toute cette agitation.

Nous empruntons de nouveau un rickshaw et nous allons manger un morceau avant qu’Antonin et Nico ne partent prendre leur train de nuit. Notre chauffeur est de de confession sikh. Il est reconnaissable grâce au turban qu’il porte sur la tête dès le plus jeune âge.

Le sikhisme est né de la rencontre entre l’islam et l’hindouisme. Il est intéressant de noter que les sikhs ne reconnaissent pas le système des castes. Les hommes adeptes de cette religion doivent toujours porter le turban ainsi qu’un poignard à la ceinture. Ils ne doivent pas se couper les cheveux ni la barbe.

Les choses changent vite en Inde, et la bonne petite adresse d’Antonin et Nico a fermé. Nous nous rabattons sur un fast-food indien qui ne restera pas dans les annales. On sourira devant l’employé qui se déplace pour venir nous prévenir que notre commande est prête mais qui ne nous l’emmène pas !!?! Un rôle pour chacun et chacun son rôle!

De nouveau seul (“tout seul les deux” comme le dirait tout francomtois qui se respecte) Pierre et moi profitons de notre dernière journée à Delhi pour aller visiter Qutb Minar (tour de la victoire). C’est la tour et le minaret le plus haut d’Inde (72 mètres et quelques).

Non loin de là, quelqu’un a tenté de faire mieux, mais il n’a visiblement pas réussi son pari.

La tour est entourée de nombreuses constructions dont certaines parties sont particulièrement fines et soignées

De nombreuses familles indiennes nous demandent pour se faire photographier à nos côtés, c’est assez déroutant. Certaines mamans me tendent même leurs bébés pour la pose.

Pierre a aussi son quart d’heure de gloire.

Avant le repas du soir, je fais un petit détour par chez le coiffeur.

Nous ne nous lassons pas de retrouver la terrasse de notre petit resto tibétain préféré d’où nous observons encore et encore l’animation de la rue. La place est plébiscitée par les vaches qu’on ne s’étonne même plus de voir en pleine ville.

Un dernier lassi (boisson au yaourt) et un copieux biryani (riz cuisiné avec des épices) nous donne des forces pour notre prochaine étape: quelques jours de woofing dans une ferme bio!

Bybye Delhi, see you!

Khajuraho ou les origines du Kamasutra

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A la gare de Varanasi, nous avons profité du guichet spécial étranger pour réserver nos billets jusqu’à Delhi, en incluant une étape à Khajuraho. Vraiment pratique ce guichet car cela évite une lutte sans merci dans les files d’attentes indiennes, qui n’ont de file que le nom ! C’est plutôt un attroupement et c’est celui qui crie le plus fort qui est servi en premier…je vous laisse imaginer ce que ça peut donner quand vous ne parlez pas l’hindi et que vous ne savez pas exactement quel train vous voulez.

Cette fois ci nous avons réservé une couchette en 3A (c’est à dire la classe la plus basse des classes climatisées) et là c’est le grand luxe par rapport à la classe sleeper que nous avons pris pour notre premier voyage: presque personne dans le wagon, des grands lits avec draps, couvertures, et oreiller! De quoi passer une nuit presque correcte.

Pendant le trajet, nous faisons connaissance avec Ben, un alaskain (i.e. habitant de l’Alaska). C’est là que j’apprend que l’Alaska est un état des Etats-Unis et non un pays, comme quoi on peut voyager autour du monde et être nul en géographie! On échange beaucoup sur nos pays d’origine et je suis étonné d’apprendre par exemple que là-bas, ce ne sont pas les habitants qui payent des impôts, mais l’état qui donne de l’argent aux habitants tous les ans (à croire qu’ils ne savent plus quoi faire de l’argent issu du pétrole!)

Mais revenons en Inde, et plus précisément à Khajuraho, petit village du Madhya Pradesh. Cette ville compte environ 10 000 habitants, à peine un hameau par rapport aux références indiennes! Pourtant elle est très prisée des touristes pour ses magnifiques temples (et aussi pour son calme, il faut bien l’avouer!)

Nous laissons passer les grosses chaleurs de l’après midi avant de partir à la découverte du “groupe ouest”. Il s’agit d’un ensemble de temples hindouistes construits aux alentour du Xème siècle.

La finesse de la sculpture et la profondeur du relief est incroyable.

Finalement le lieu a un petit air d’Angkor, en plus accessible (moins cher, moins de monde, possibilité de s’y balader à pied) même si les deux sites ne jouent pas vraiment dans la même cours…

Comme dans beaucoup d’endroits en Inde Géraldine est la star ! Poignée de main, photo avec elle… la curiosité des indiens est sans complexe et sans limite!

Khajuraho est mondialement connu pour ces sculptures érotiques. En effet, même si elle représente seulement une petit partie des frises, les scènes représentées sont vraiment osées (Je ne mets pas de photo pour ne pas heurter la sensibilité des plus jeunes lecteurs 😉 ).

Le temple qui retiendra notre attention est le temple de Pratapeshvara, pas notable pour son architecture mais intéressant pour son évocation de la culture indienne. Il n’appartient pas vraiment à l’histoire de Khajuraho puisqu’il date du XIXème siècle. Les trois dômes évoquent les trois principales architectures et religions: hindoue à l’arrière, bouddhiste et musulmane devant.

L’unité dans la diversité: tout un symbole de l’Inde!

La journée du lendemain est consacrée à la visite du “groupe est”, un peu moins impressionnant.

Il s’agit de temple jaïns, une religion dont j’ignorais complètement l’existence avant d’arriver en Inde. Pourtant ce mouvement religieux, pratiqué par environ 4 millions d’indiens a de quoi surprendre. Non violent, les jaïns refusent les armes et ne consomment aucun animal. Ils sont respectés de tous les autres indiens et n’ont donc jamais été persécutés.

Le jaïnisme est régi par cinq règles: ne tuer aucun être vivant, ne pas voler, se détacher des biens matériel, être chaste et ne pas manger la nuit (ceci afin de ne pas risquer de manger un insecte sans le voir!)

C’est pour respecter au pied de la lettre ces règles, et surtout la première, que l’on voit parfois des jaïns porter un masque en tissu devant la bouche. Cela pour éviter d’avaler une quelconque bestiole en respirant. De même, on peut les voir balayer les temples en permanence et même balayer devant eux dans la rue. Cela pour n’assassiner aucune fourmi ou autre bébête.

On retrouve en toute logique une interdiction à l’entrée de leur temples: interdiction de porter du cuir.

On trouve également quelques temples hindous assez semblables à ceux du “groupe ouest”.

Sur le chemin du retour, nous traversons à pied le vieux village de Khajuraho. Les scènes de la vie quotidiennes sont un spectacle en elles même, tant le mode de vie des habitants est éloignés du notre.

Les bouses de vaches sèchent au soleil avant d’être utilisées comme combustibles pour la cuisine.

Les paliers des maisons sont badigeonnés de bouse de vache pour repousser les moustiques.

Les temples sont partout, jusqu’en plein milieu de la campagne.

Le temple de Brahma est tagué de façon bien étrange…

On nous explique que les morceaux sont identifiés car le temple va être déplacé pierre par pierre vers le “groupe ouest” (plus fréquenté des visiteurs). On ne recule devant rien pour le bonheur des touristes ici!

Le lendemain nous faisons un passage au “State museum of tribal and folk arts”. C’est un petit musée qui vaut le détour. Il présente des sculptures et peintures tribales et primitives. Elles nous font beaucoup penser à l’art aborigène que nous avons pu contempler en Australie. Malheureusement les photos sont interdites.

On retourne se réfugier à l’hôtel pour l’après-midi. Il est construit autour d’un beau jardin qui apporte un peu de fraîcheur, ce qui n’est pas désagréable (il fait environ 40°C au plus chaud de la journée). Je m’exerce à la photographie animalière en observant un oiseau ramener des brindilles pour confectionner son nid.

Nous quittons Khajuraho le soir même par un train de nuit, direction Delhi.

Varanasi: Incredible India!

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Bien qu’ayant traversés la frontière indienne depuis une petite semaine, c’est véritablement à la gare de Siliguri que nous rencontrons l’Inde pour la première fois. La température est montée significativement par rapport aux montagnes de Darjeeling. De nombreuses personnes sont assises ou allongées à même le sol dans le hall. Difficile de savoir si elles “vivent” ici ou si elles attendent leurs trains. Des mendiants (hommes, femmes, enfants) nous sollicitent, tout comme des vendeurs ambulants qui proposent de cirer nos chaussures ou de réparer nos fermetures éclairs.

Comme nous avons trois heures d’attente avant de monter à bord de notre train de nuit, nous optons pour un petit restaurant (on choisit celui où il semble y avoir le plus de monde). Nous ne prenons pas trop de risques en commandant des aloo jeera accompagné de nans, c’est à dire des pomme de terre cuisinées au cumin, avec des petites galettes, le plus souvent cuites dans un four spécial appelé “tandoor”. On goûte aussi un curry pomme de terre tomate, pas mal du tout.

L’heure approchant, nous nous dirigeons vers notre quai, dont le numéro change toutes les dix minutes. Entre temps, deux gamins des rues d’une dizaine d’années à peine se menacent armés chacun d’une lame de rasoir, peut-être pour une simple bouteille en plastique ramassée sur le “territoire” de l’autre. La victime tente en vain de faire arbitrer le conflit par les adultes présents qui demeurent indifférents. J’ai le cœur serré (c’est pas en plus comme si je travaillais dans la protection de l’enfance!), mais qu’est ce que je pourrais bien faire…

Notre train arrive finalement avec 1h30 de retard. Du coup, c’est un peu la panique, tout le monde court dans tous les sens. Un vendeur de plateau-repas nous conduit aimablement à notre wagon, en insistant tout de même un peu trop pour qu’on achète notre repas, mais comme on sort tout juste du restaurant, c’est non!

Etant donné que c’est une première, l’organisation des trains indiens demeurent une énigme à nos yeux, tout comme les différentes catégories de “confort”. Nous comprendrons plus tard que nous avons voyagé dans la classe la plus populaire.

Il existe une classe encore moins cher, mais il n’y a de réservation, autant dire que c’est l’émeute (et le mot n’est pas exagéré, certains en viennent aux mains) au moment de s’installer.

C’est donc non sans émotion que nous prenons place dans notre wagon. La première impression est plutôt du genre oppressante: pas de lumière, de minuscules fenêtres avec barreaux, des colis entravent le passage, le wagon est surchargé, des visages qu’on distingue à peine dans l’obscurité nous observent sans relâche, ça sent le renfermé… On se demande un instant ce qu’on fait là.

Puis, les lumières s’allument, les ventilos ventilent, la curiosité de nos voisins s’estompe, et enfin on commence à se détendre.

Viennent ensuite les interrogations pratiques: il y a 6 personnes sur un siège qui compte trois places ?!? Sans chercher plus à comprendre, sur les conseils aguerris d’autres voyageurs, nous demandons aux gens de se déplacer pour pouvoir installer nos couchettes vers 22h (le dossier du siège constituant le lit du milieu) et nous nous laissons bercer par le train.

Au milieu de la nuit, je me réveille face à un policier qui tient un pistolet d’1m50 de long, dont les seuls mots seront:”Keep your bag closer” (garde ton sac plus près de toi). En fait, je ne vois pas comment je pourrais faire mieux avec mon sac, mais je réponds “yes” afin de ne contrarier personne, et je tente de me rendormir. Les vols de sac sont apparemment très fréquents sur cette ligne de train, nous partageons donc notre couchette avec nos bagages, ce qui pour Pierre est un véritable défi Tetris, étant donné la taille standard de la couchette.

Nous arrivons de bonne heure à la gare de Mugal Saraï qui se situe à une dizaine de kilomètres de la gare de Varanasi. Nous empruntons un rickshaw (petit taxi à 3 roues) pour nous y rendre. C’est la foire d’empoigne entre les chauffeurs pour savoir qui va assurer la course. Nous optons pour un rickshaw (très) collectif, c’est à dire huit personnes pour quatre vraies places, plus deux à côté du chauffeur. Le terme promiscuité prend alors toute sa dimension. Heureusement, nos bagages font le trajet sur le toit.

Notre routard nous indique la présence d’un guichet touristique où l’on peut aisément acheter nos billets. Sachant combien il est compliqué d’obtenir des billets de train (longue file, anglais parfois limité, et surtout, des indiens par dizaines qui “doublent”…) nous saisissons cette occasion pour boucler nos trajets jusqu’à Delhi.

Nos billets de train en poche, notre prochaine mission consiste à reprendre un rickshaw, afin de nous rendre dans le quartier de notre hôtel, les difficultés étant multiples: ne pas payer quatre fois le montant réel de la course, ne pas se faire emmener dans l’hôtel proposé par le chauffeur où il touchera sa commission, etc.

En restant ferme, nous réussissons à nous faire déposer là où nous le souhaitons. Nous continuons à pied car le centre ville est constitué de toutes petites ruelles entremêlées, où les vaches, animal sacré par excellence, sont omniprésentes.

Alors, on aime ou on aime pas, la chaleur, l’animation, la promiscuité, les vendeurs ambulants, les rabatteurs, l’ambiance colorée, les odeurs d’encens, d’épices et de vaches… . Nous en tout cas, on est conquis, nous n’imaginions pas l’Inde autrement.

Varanasi est le plus grand lieu saint de l’hindouisme, comme Lourdes pour les catholiques, ou La Mecque pour les musulmans. C’est pour les croyants le point de rencontre du monde physique et du monde spirituel. Dans les faits, il y a peu de choses à visiter en tant que telles (temples, mausolées, forteresses ou palais…) mais l’ambiance y est incomparable et l’animation est à chaque coin de rue.

Varanasi est traversée par le plus sacré des fleuves en Inde: le Gange. Chaque année entre trois et quatre millions de pèlerins viennent y effectuer leurs ablutions rituelles, l’eau du fleuve étant sensée laver de tous les péchés accumulés au cours des vies passées (le pluriel est de mise!).

La ferveur religieuse est donc très marquée. Dès le lever du soleil de nombreux hindous se baignent dans le Gange, le rituel veut qu’on s’immerge trois fois avant tout autre chose. Certains ensuite se savonnent, tandis que les enfants jouent dans l’eau. Les ghâts (quais qui longent le fleuve) sont alors très fréquentés, et se colorent, notamment grâce aux élégants saris dont sont vêtues les femmes.

Je suis assez impressionnée par la tolérance des hindous qui semblent ignorer le flot de touristes qui débarquent en bateau à moins d’un mètre d’eux et qui les mitraillent sans relâche avec leur appareils photos, caméras, tablettes tactiles et autres gadgets électroniques.

D’ailleurs dans la plupart des autres villes, les photos des bains rituels sont interdites. C’est pas plus mal, question de respect.

Nous nous interrogeons sur l’état sanitaire du Gange, étant donné les déchets qui flottent à quelques mètres. D’autant plus qu’après les crémations (parfois incomplètes) les cendres sont “offertes” au Gange, les buffles s’y baignent, et les égouts semblent s’y déverser… Quand on pense que certains en boivent et que les tous jeunes enfants y sont baignés …

Il est à peine 6h du matin, mais il y a affluence autour du temple et les offrandes se multiplient.

Varanasi, en tant que lieu sacré pour les hindous, est aussi la ville où l’on vient pour mourir. La croyance veut que tout hindou qui décède à Varanasi a l’assurance de voir son âme monter au ciel, et évite ainsi le cycle sans fin des renaissances.
Ce désir de mourir auprès du Gange a poussé de nombreux maharajas à construire des palais tout proches du fleuve. Ils sont aujourd’hui laissés à l’abandon.

Les nombreuses crémations ont lieu à ciel ouvert, comme à Pashupatinath au Népal, c’est un acte très ritualisé. Plus la personne que l’on incinère est pauvre, plus son corps se trouve proche de l’eau. Le corps est enveloppé dans un drap orange. C’est le fils aîné qui allume le bûcher après que le corps ait été plongé dans le Gange. Pour l’occasion il a les cheveux rasés à l’exception d’une petite mèche à l’arrière de la tête.

Heureusement, les femmes dont le mari vient de mourir ne se jettent plus vivantes dans le bûcher comme cela se produisait il y a encore quelques dizaines d’années. Cette terrible coutume laisse entrevoir la condition de la femme en Inde, même si les choses tendent à évoluer, surtout dans les villes.

Avec un nombre de crémations très important, la question du bois demeure plus que cruciale, et l’Inde commence à en manquer, ce qui a pour effet, outre une tendance à la déforestation, de faire grimper les prix. Pour tenter de remédier à ce problème, le gouvernement a fait installer un crématorium électrique, probablement utilisé par les personnes les plus pauvres qui ne peuvent assumer le coût financier du bois.

En nous promenant le long des ghâts, l’animation est continue. De nombreuses vaches, bien qu’ayant un propriétaire, se balade librement. Et elles ne sont pas farouches.

Si l’animal est sacré dans toute l’Inde, il l’est encore plus ici. Varanasi disposerait en effet de la plus belle maison de retraite pour vaches de l’Inde!

Lors de la période de “la vache folle”, un des partis politiques indiens aurait proposé de recueillir nos vaches pour leur éviter l’abattoir.

La vache est un animal sacré pour les hindous, car durant les temps difficile de famine, l’animal a toujours eu du lait pour nourrir les enfants. Leurs bouses sont également utilisées comme composts ou pour alimenter les feux. Les habitants les récoltent et les font sécher au soleil sous forme de galettes.

Inutile de préciser donc que les hindous ne consomment pas de bœuf. Les bovins, considérés comme purs, sont enterrés à leur mort.

Nous nous rendons compte qu’après les rituels du matin, les bords du Gange, se transforment aussi en une véritable laverie à ciel ouvert.

Et aussi déroutant que ça l’est pour moi, tout est alors susceptible de se transformer en étendoir à linge, même le sol.

On pourra remarquer ici l’ingéniosité pour suspendre la lessive: pas de pince, mais une double corde dans laquelle on coince un petit coin des habits!

Nous ne nous lassons pas de déambuler sur les quais du Gange et d’observer tout ce fourmillement.

On rencontre plusieurs yogis (maîtres spirituels) qui dispensent leurs enseignements à leur disciples en plein air ou des sâdhus (des hommes qui ont tout dédié à la religion, ils ne possèdent rien et vivent dans la rue grâce à des dons. Ils s’enduisent parfois le corps de cendres.

La misère est bien présente dans ce haut lieu spirituel, certaines personnes semblant vivre sur les quais.

La pauvreté et la misère sont particulièrement difficile à appréhender en Inde, et mon esprit occidental doit sans doute créer des filtres pour supporter l’insupportable. En effet, au fur et à mesure de notre voyage, nous rencontrons malheureusement des halls de gares, des trottoirs, des ronds points, peuplés d’hommes, de femmes et d’enfants qui n’ont sans doute nul autre endroit où dormir. Nous croisons des gamins des rues, pieds nus, qui collectent les déchets et d’autres qui mendient quelques roupies. Il semblerait qu’il existe de véritables gangs d’enfants des rues menés par les plus âgés. Certains enfants seraient mutilés et amputés volontairement pour récolter plus d’argent, d’autres alimenteraient les réseaux de prostitution. En effet, très peu d’enfants des rues sont des filles.

Cela nous interpelle d’autant plus quand on compare cette situation à l’attention portés aux vaches par exemple, et même aux singes, considérés comme animaux sacrés.
Inde, pays des paradoxes pour nos esprits occidentaux!

Dans nos tours et détours dans les ruelles de Varanasi, outre les vaches, se baladent aussi des chèvres et des singes qui semblent autant à l’aise dans la jungle urbaine qu’en pleine nature.

Nous sommes évidemment sollicités de toute part par les rabatteurs et les vendeurs ambulants. Je me fais gentiment avoir par un homme dont j’ignore le statut religieux mais qui m’appose un point de couleur sur le front et me “bénit” sans que j’ai eu le temps de dire quoique ce soit. Evidemment une petite contribution est demandée en retour.

La mendicité et les dons est d’ailleurs une question à laquelle nous sommes confrontés en permanence. De notre côté, nous ne donnons pas aux enfants (pour moi, s’ils gagnent de l’argent, leurs chances d’aller à l’école diminue d’autant plus), ni aux personnes qui, et cela est bien subjectif, semblent en capacité de travailler.

Nous donnons quelques pièces aux personnes mutilés et très âgés. Pierre, sensible à la musique, donne aussi aux musiciens. En revanche, phénomène qui nous apparaît assez incompréhensible, parfois la somme que nous donnons est estimée insuffisante, et la personne la refuse…

Dès que le soleil se couche, la ferveur religieuse reprend sur les bords du Gange. Une importante cérémonie a lieu tous les soirs et rassemble beaucoup d’hindous et de curieux comme nous.

Pour notre dernière journée, nous nous rendons au Golden temple, que nous renonçons à visiter étant donné le nombre de personnes qui attendent à l’entrée.

Nous poursuivons dans le dédale de ruelles pour nous rendre au Nepaleese Temple.

L’endroit nous rappelle quelques souvenirs.

Le temple offre aussi une jolie vue sur les quais du Gange

Chemin faisant, nous nous apercevons que la présence policière est importante aux abords des lieux religieux et dans les zones de passages stratégiques. Nous apprendrons que malgré son apparente tranquillité, Varanasi vit dans un climat de tension religieuse assez important. Par exemple, la mosquée n’est ouverte que le vendredi pour la prière des fidèles.

Nous croisons pas mal d’échoppes plus authentiques les unes que les autres, dont ce vendeur de yaourts.

Après quatre jours passés à Varanasi, il est temps pour nous de reprendre la route, ou plutôt les rails, direction la capitale indienne.

Vous prendrez bien une tasse de Darjeeling?

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Jeudi 11 avril 2013, nous quittons Nargarkot, petit village du Népal afin de nous rendre à Kakarbhitta pour traverser la frontière et enfin faire nos premiers pas en Inde.

L’Inde revêt pour nous une excitation toute particulière, mêlée d’appréhensions diverses et variées, car au delà du fait que c’est notre dernière destination, nous avons entendu tout et son contraire sur ce pays. Une chose est sûre, l’Inde ne laisse pas indifférent!

Mais avant d’en arriver là, de longues heures de transports nous attendent (quelques 18h de trajets!).

Pour la peine, nous optons pour un bus touristique (c’est à dire qui inspire confiance de l’extérieur, mais qui une fois à l’intérieur ressemble à un bus local).

Après quelques sueurs froides, nous arrivons au petit matin à Kakarbhitta, et prenons la décision d’éviter, autant que faire ce peut, l’utilisation des bus pour nos prochains déplacements!

Les douaniers népalais figurent parmi les douaniers les plus sympas qu’ils nous aient été donné de rencontrer au cours de notre voyage. En cinq minutes à peine, toute les formalités sont réglés, et avec le sourire en prime.

Il ne nous reste plus qu’à traverser le pont, avec vue sur les rizières fluorescentes, et nous serons en Inde.

L’agent de l’immigration indienne, quant à lui, met un peu plus de temps à se détendre. Mais bon, on ne lui en veut pas, il n’est pas encore 7h30. En plus l’accent anglais indien n’aide pas toujours pour la fluidité de la conversation. Après avoir remplis plusieurs formulaires, nous finissons par obtenir nos sésames, et notre douanier nous indique même comment poursuivre notre route jusqu’à Darjeeling.

Nous optons pour la solution “bus local” jusqu’à Siliguri, puis jeep “collective” pour les 3 heures de routes sinueuses. “Collective” n’est pas un vain mot, car nous sommes 12 personnes entassées dans le véhicule. Inutile de vous préciser notre soulagement à l’arrivée.

Pour l’instant, nous ne sommes pas vraiment dépaysés, Darjeeling ressemble beaucoup au Népal. De nombreux népalais y habitent et ici on parle beaucoup plus népalais qu’hindi.

Pierre nous dégote un petit hôtel très sympathique pour nous reposer quelques jours, car le trek dans les Anapurnas a quand même laissé des traces!

Dès notre arrivée nous croisons Laurent, un français qui voyage sur les chemins du thé en Inde depuis quelques mois. Il nous emmène goûter de délicieux “momos” (ces fameux petits raviolis fourrés aux légumes ou à la viande) dans une petite échoppe de rue. Nous nous laissons même tenter par un hamburger végétarien. Nous goûtons aussi notre premier “chai” (thé (très) sucré avec des épices et du lait), pas mal du tout!

Laurent, qui a possédé pendant une dizaine d’année un salon de thé dans le sud de la France, nous apprends que le thé de darjeeling est considéré comme le champagne des thés. Ce que la municipalité ne semble pas ignorer: sur cette affiche une tasse de darjeelling partage la vedette avec un verre de champagne et un verre de cognac!

Celà dit, selon notre routard, le meilleur du thé de darjeeling est directement exporté et il est difficile de le goûter sur place (sauf dans les salons de thé très chic). Nous achetons tout de même quelques échantillons que nous dégusterons une fois revenus en France.

Nous nous donnons rendez-vous le lendemain matin avec Laurent pour partir à la découverte de la ville. Mais pendant la nuit, Pierre est malade. Nous nous octroyons donc deux jours de repos absolus.

Notre seule sortie autorisée est sur la terrasse de l’hôtel, où nous avons, à postériori, de bonnes raisons de croire que nous avons croisés deux enquêtrices du routard sans le savoir (elles sont plutôt discrètes à ce sujet).

Heureusement pour nous le restaurant de l’hôtel est plutôt bon. Pierre se régale de pain tibétain accompagné de beurre de cacahuète, son petit péché mignon depuis notre volontariat en Thailande!

Après ces quelques jours de farniente, nous décidons d’aller prendre nos billets de trains pour notre prochaine étape: Varanasi. L’achat des billets de train semblent être toute une aventure. Pour cette fois, on passe par une agence de voyage, même si il y a une petite commission.

Il nous reste deux jours pour profiter de Darjeeling.

Je n’ai pas encore parler de la météo. En effet les magnifiques vues sur les plantations de thés et les cultures en terrasses sont quelques peu cachés par une brume permanente et tenace. Nous aurons même droit à un gros orage avec coup de tonnerres et averse grêle. La température est fraîche, on ne quitte pas nos polaires!

Mais il en faut plus à Pierre pour renoncer à se balader. Ses pas le guide jusqu’au jardin zoologique où il a pu admirer entre autres: tigres, panthères, léopards, et même léopards des neiges, loups blancs, et bien sur l’animal du cru : le yak, que nous n’avons pas eu la chance de croiser pendant notre trek au Népal.

Pierre fait un détour par le musée de l’alpinisme qui présentent tous les équipements qui ont été nécessaires aux différents expéditions.

Le lendemain, Pierre pousse jusqu’aux plantations de thés.

C’est dommage car c’est l’heure de la pause déjeuner, l’usine est donc au plus calme. Pour vous donner une idée de la qualité du thé, la plantation Happy valley destine sa production exclusivement aux magasins Harrods de Londres.

Il est bien agréable de se promener dans les rues de Darjeeling, enfin dans les plus calmes qui échappent aux trafics incessants des nombreuses jeeps (un des seuls moyens de locomotion utilisés dans la région).

En marchant, notre regard est attiré par des dizaines de tuyaux qui courent dans les rues. Nous prenons alors conscience d’un des gros problèmes de l’Inde: l’alimentation en eau. D’une part, l’eau est rare, surtout dans cette région semble-t-il, mais d’autre part, sa distribution est complexe: là où chez nous un gros tuyau commun assure la distribution de l’eau, ici des dizaines de tuyaux particuliers acheminent avec plus ou moins de difficultés l’eau jusque dans les habitations.

Nous croisons régulièrement des habitants qui font la queue avec des bidons pour les remplir aux robinets dans la rue, dont l’eau s’écoule souvent au goutte à goutte. Toutes les maisons ne possèdent pas l’eau courante.

La précarité des hommes de la DDE locale nous interpellent aussi. Ces hommes coupent du bois afin de faire chauffer des bidons entiers de goudrons qu’ils disposent ensuite sur les routes à l’aide de simples brouettes et pelles.


De plus, ils incrustent un à un des petits cailloux dans la route, sans doute pour que les véhiculent agrippent mieux quand le froid est là.

On trouve aussi à Darjeeling des monuments très anglais, qui une fois la nuit tombée, le brouillard présent et les réverbères allumés, donne une ambiance londonienne, les traces de l’ancienne colonie sont bien là…

Après cette petite semaine de repos, nous reprenons la route. La vue est un peu plus dégagée pour cette dernière matinée à Darjeeling.

Nous trouvons une jeep pour nous conduire à la gare de Silliguri. Nous sommes dubitatifs quant aux pneus: une bande de caoutchouc a été rajoutées par dessus le pneu. Mais il semblerait qu’il en soit ainsi pour tous les véhicules!

Nous sommes de nouveaux bien nombreux dans la jeep, mais nous relativisons une fois encore: c’est toujours mieux que de voyager sur le toit ou accrocher derrière. Et c’est parti pour 3h de descente en lacets!

En chemin nous doublons le petit train de la montagne, dont le chemin de fer est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il remplace l’ancien train à vapeur qui n’effectue plus que quelques sorties dans la semaine. Apparemment il faut quand même avoir de bonne jambes pour le prendre!
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De notre côté, nous prenons en fin d’après-midi notre premier train de nuit, une aventure en soi, que je vous raconterai au prochain épisode!