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Delhi II, le retour!

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Vendredi 3 mai 2013, après notre interlude à la campagne, nous nous mêlons de nouveau à la ferveur urbaine de Delhi. Hasard des calendriers, Antonin y sera aussi dès le lendemain. Nous posons nos sacs à dos pour la deuxième fois au Cozy Inn. Antonin s’est lui aussi laissé convaincre par l’endroit.

En attendant de le retrouver nous partons à la découverte du quartier tibétain de Delhi. Nous avons un peu de mal à nous repérer mais nous traversons des rues aussi typiques qu’agréables. Grâce aux indications des habitants, nous finissons par repérer les drapeaux de prières sur un pont qui nous conduisent à la bonne destination.

Nous retrouvons la promotion des fameux “momos”, ces petits chaussons tibétains fourrés à la viande ou au légumes. Même la publicité Coca-cola joue le jeu.

Le quartier n’est pas très grand et ne présente pas vraiment d’intérêts, il est en effet très “aseptisé” et propose surtout des services pour les touristes souhaitant se rendre au Tibet. Mais je trouve de jolis souvenirs. Le soleil se couche lorsque nous quittons les lieux.

A quelques pas de la quiétude du quartier tibétain nous sommes surpris de trouver un énorme pont en construction! Bizarrement, ici on commence par le tronçon central.

Nous empruntons un autre chemin pour rejoindre la station de métro la plus proche. Un nuage de poussière a envahit la rue, les travaux battent leur plein, des immeubles immenses poussent comme des champignons.

Le contraste entre la modernité et un mode de vie plus ancien est bien marqué: face aux constructions flambant neuves trône le parking des rickshaws les plus modestes, ceux à pédales.

Face aux balais des camions, les enfants jouent au cricket en toute indifférence, le sourire aux lèvres.

Nous traversons aussi en pleine ville une “décharge-porcherie” à ciel ouvert:

Lorsque nous atteignons enfin la station de métro, c’est l’heure de pointe! Nous mettons plus d’une trentaine de minutes pour acheter notre billet! Encore une fois, il faut être vigilent pour ne pas se faire doubler à tout va, mais d’autres personnes veillent aussi, et ceux qui tentent se font rembarrer sans ménagement.

Le lendemain nous retrouvons Antonin et partons en direction du “vieux Delhi”.

Nous passons au hasard devant un temple sikh que notre curiosité nous pousse à visiter (voir l’article précédent pour plus d’info sur le sikhisme). Nous sommes très impressionnés par l’organisation qui existe autour du temple, une vraie fourmilière. Nous pouvons confié nos chaussures gratuitement au vestiaire. Ceux qui le désirent peuvent se faire cirer leur chaussures pendant ce laps de temps, voir même les faire réparer. Il existe aussi une distribution de repas et d’eau pour les fidèles.

Nous pénétrons à l’intérieur, la tête couverte comme le veut les préceptes de cette religion et nous nous asseyons dans la grande pièce.

De la musique est jouée en live tandis que des fidèles prient.

Nous nous rendons ensuite devant la mosquée Jama Masjid, qui est la plus grande mosquée de l’Inde. Nous sommes stupéfaits par la beauté du lieu. En revanche, la personne de l’entrée n’est pas très sympathique et elle veut nous faire payer un “droit de photographier” exorbitant pour chacun de nos téléphones. Finalement, devant notre réticence, le gardien prend la mouche et nous refuse carrément l’entrée du site! Pour tout avouer, on hallucine un peu, mais ils nous en faut plus pour nous décourager. Nous partons en direction de l’entrée opposée!

L’autre gardien est plus disposé et nous entrons sans rien payer, mais nos appareils photos restent bien rangés au fond du sac. On regrette presque de ne pas avoir pris un permis car c’est vraiment magnifique: la lumière rasante du soleil sur le grès rouge donne une ambiance magique.

Nous nous pressons car les femmes et les touristes sont interdits dans l’enceinte de la mosquée après le coucher du soleil. Et la consigne est scrupuleusement appliquée, on nous presse vers la sortie avant l’heure fatidique.

Depuis les marches de la mosquée, nous avons vue sur l’imposant fort rouge de Delhi, que nous n’aurons pas le temps de visiter cette fois.

Nous prenons ensuite la direction du marché à épices. Les petites rues sont bondées et on assiste à de véritables embouteillages de piétons!

Tandis que nous marchons dans la rue, nous commençons plus ou moins à éternuer et à avoir les yeux et le nez qui piquent… Autour de nous les gens ont tous un mouchoirs ou un foulard à la main. Et pour cause, un commerçant nous indique qu’un entrepôt de piment à pris feu à plusieurs centaines de mètres d’ici, c’est ambiance “bombe lacrymo”!

Nous n’allons donc pas plus loin et faisons le plein d’épices dans la boutique du commerçant. C’est moins authentique qu’au marché mais les épices ont le mérite d’être bien emballées ce qui nous garantit un certain confort de transport.

Nous craquons aussi pour un mélange de fruits secs délicieusement savoureux;

Nous sous-estimons le trafic urbain, et nous mettons près d’une heure en auto-rickshaw pour rejoindre le quartier de Nizzamudin où nous retournons dans l’excellent restaurant que nous avait fait découvrir Antonin et Nicolas il y a quelques jours. Nous y retrouvons des amis d’Antonin.

Les amis d’Antonin prennent les commandes en main et nous font découvrir leurs plats préférés, dont l’équivalent du foie gras chez nous: sans nous en dire plus, Pierre joue les goûteurs: “Ça ressemble à du fromage ?” Perdu! C’est de la cervelle de chèvre. Comme nous étions dans un restaurant chic et sur l’insistance des amis d’Antonin, nous avons fait une exception sur notre régime végétarien en goûtant les plats à base de viande. Mais j’avoue que la cervelle de chèvre c’est un peu trop pour moi…

Nous finissons la soirée dans un bar à tapas, endroit surprenant après ces quelques semaines en Inde! On se croirait dans une ville d’Europe.

Les amis d’Antonin sont très prévenants avec nous, ils nous raccompagnent jusqu’à notre hôtel. Je laisse les hommes entre eux et je rentre me reposer. Demain, il faut refaire les sacs à dos, nouvelle destination: Agra, la ville du mythique Taj Mahal!

A l’assaut de Delhi, capitale de l’Inde

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Nous arrivons aux alentours de 5h30 en gare de Delhi d’où nous prenons un rickshaw pour rejoindre directement notre hotel, le Cozy Inn. Une fois n’est pas coutume, nous avons réservé une chambre, car notre guide du routard conte combien il est difficile de se loger dans les grandes villes : chambres glauques et prix exorbitants.

A 10h, nous avons rendez-vous avec Antonin (“Mich” pour les intimes), un ami d’école d’ingénieur de Pierre qui a effectué ses études durant une année en Inde et qui, hasard des calendriers, se trouve à Delhi en même temps que nous. Avec Nico, connu durant son séjour en Inde, ils sont conviés à un mariage indien.

Grâce à Nico et Antonin, nous osons enfin goûter notre premier snack “de rue”. En Inde, contrairement aux autres pays que nous avons visité, nous sommes ultra-prudents (parano? 😉 ) sur ce que nous mangeons, et surtout où!
En guise de petit déj, nous dégustons des samoussas (très épicés) accompagnés de chaï, c’est-à-dire du thé noir avec des épices, beaucoup de sucre, et du lait (ce qui apaise un peu le feu de ma bouche!). Le samoussa est le seul en-cas de rue que nous nous autoriserons durant notre séjour en Inde.

Nous partons ensuite, installés de manière très conviviale, (c’est à dire serrés comme des sardines) à quatre dans un rickshaw, à la découverte du jardin Lodi.

Le jardin abrite des tombes dans plusieurs mausolées. Les constructions sont plus ou moins soignées et entretenues. On ignore en revanche l’identité des personnes inhumées.

Le parc est très agréable. C’est surprenant de trouver pareil lieu en plein cœur de Delhi.

L’avantage de voyager avec des gens qui connaissent les lieux, c’est que nous nous laissons guidés, et après 10 mois de voyage, ce n’est pas désagréable!

En nous rendant dans le quartier Nizamuddin, le quartier musulman, nous passons devant de nombreuses échoppes.

Antonin et Nico nous emmènent dans une de leurs adresses préférées pour le déjeuner, le Karim’s. Ainsi nous goûtons sans doute aux meilleurs plats indiens depuis notre arrivée dans le pays.

Depuis le Népal, pour des raisons sanitaires, nous avons choisi de manger exclusivement végétarien. Evidemment, le saucisson nous manque, mais la seule vue d’une “boucherie” indienne nous permet de tenir notre engagement. En plus, ce n’est vraiment pas désagréable, car la cuisine végétarienne indienne est délicieuse et offre un choix infini ou presque.

Tandis qu’Antonin et Nico s’occupent de l’organisation technique pour le mariage, nous en profitons pour visiter la mosquée qui abrite le mausolée du saint soufi Hazrat Nizamuddin Auliya, d’où le nom du quartier!

L’ambiance est assez particulière. Des vendeurs d’offrandes nous aboient d’enlever nos chaussures (comme dans les temples, il est interdit de pénétrer à l’intérieur avec ses chaussures). Nous sommes un peu hésitants car nous ignorons où commence réellement la mosquée car tout est imbriqué l’un dans l’autre: les restaurants, les échoppes et les lieux de culte. Heureusement, quelqu’un nous glisse à l’oreille qu’il y a une consigne “officielle” à l’entrée de la mosquée.
Bien que nous essayons de nous montrer discrets, nous sommes rapidement le centre de l’attention, donc nous ne nous éternisons pas.

Nous flânons ensuite dans le quartier chic de Delhi, qui ressemble à n’importe quelle autre capitale du monde avec ses grands magasins et ses adresses occidentales (Mac Do, KFC, etc.)

Lorsque la journée touche à sa fin, nous regagnons le quartier de Pahar Ganj, où nous logeons. Nous gravissons de nombreuses marches pour rejoindre la terrasse perchée sur le toit d’un immeuble où les garçons s’offrent un “special tea” = une bière!! Mais elle est dissimulée dans un sac plastique noir et servie dans une tasse (peu de bars ont la licence officielle pour servir de l’alcool).

Antonin nous quitte pour retourner chez l’ami chez qui il est hébergé. Avec Nico, nous gagnons le toit de l’Everest Kitchen, petit restaurant tibétain qui sert notamment des momos exquis, et de délicieux pancakes à un prix tout à fait raisonnable. L’endroit deviendra notre cantine durant notre séjour dans la capitale indienne. En plus, il offre une vue imparable sur le fourmillement de la rue.

Nous nous donnons rendez-vous le lendemain matin. Nous accompagnons Nico qui souhaite acheter des autocollants à apposer partout, mais surtout sur les voitures. Du coup, nous aussi on achète des petits autocollants de Ganesh (dieu représenté par un éléphant). Beaucoup d’automobilistes en Inde ont des petites figurines des différents dieux dans leurs voitures, pour leur porter chance et les protéger. Dans la rue, les mécanos démontent, à même le trottoir, les voitures, motos, vélos, rickshaws, tout y passe.

En chemin, par la la fenêtre du métro, nous avons aperçu une statue très colorée et immense! Notre curiosité nous pousse jusqu’au temple d’Hanouman, un dieu à l’apparence d’un singe et c’est aujourd’hui sa fête. Il y a donc distribution de repas gratuit pour tout le monde, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a affluence. Pierre et Nico prennent un plateau, je m’abstiens étant donné que c’est très épicé!

Après avoir retirées nos chaussures, nous pénétrons dans le temple. Nous sommes assez surpris par les statues qui le compose.

Le passage d’une salle à une autre peut se faire par l’intermédiaire de gueule d’animaux, comme avec ce croco par exemple.

Nous ne nous éternisons pas car la foule ne cesse de grossir, les automobilistes commencent à s’impatienter dans les embouteillages. Une fois les plateaux repas consommés, ils sont jetés à même le sol rendant un peu plus périlleux les déplacements pour tout le monde.

D’ailleurs, un motard un peu trop pressé tente de forcer le passage, manque de chance, il glisse sur les assiettes,et s’arrête à deux centimètres de mes chevilles… Petite frayeur! Un peu plus loin c’est la bousculade, Pierre me rattrape au vol pour éviter que je m’étale sur les restes de nourriture. Je ne regrette pas de quitter toute cette agitation.

Nous empruntons de nouveau un rickshaw et nous allons manger un morceau avant qu’Antonin et Nico ne partent prendre leur train de nuit. Notre chauffeur est de de confession sikh. Il est reconnaissable grâce au turban qu’il porte sur la tête dès le plus jeune âge.

Le sikhisme est né de la rencontre entre l’islam et l’hindouisme. Il est intéressant de noter que les sikhs ne reconnaissent pas le système des castes. Les hommes adeptes de cette religion doivent toujours porter le turban ainsi qu’un poignard à la ceinture. Ils ne doivent pas se couper les cheveux ni la barbe.

Les choses changent vite en Inde, et la bonne petite adresse d’Antonin et Nico a fermé. Nous nous rabattons sur un fast-food indien qui ne restera pas dans les annales. On sourira devant l’employé qui se déplace pour venir nous prévenir que notre commande est prête mais qui ne nous l’emmène pas !!?! Un rôle pour chacun et chacun son rôle!

De nouveau seul (“tout seul les deux” comme le dirait tout francomtois qui se respecte) Pierre et moi profitons de notre dernière journée à Delhi pour aller visiter Qutb Minar (tour de la victoire). C’est la tour et le minaret le plus haut d’Inde (72 mètres et quelques).

Non loin de là, quelqu’un a tenté de faire mieux, mais il n’a visiblement pas réussi son pari.

La tour est entourée de nombreuses constructions dont certaines parties sont particulièrement fines et soignées

De nombreuses familles indiennes nous demandent pour se faire photographier à nos côtés, c’est assez déroutant. Certaines mamans me tendent même leurs bébés pour la pose.

Pierre a aussi son quart d’heure de gloire.

Avant le repas du soir, je fais un petit détour par chez le coiffeur.

Nous ne nous lassons pas de retrouver la terrasse de notre petit resto tibétain préféré d’où nous observons encore et encore l’animation de la rue. La place est plébiscitée par les vaches qu’on ne s’étonne même plus de voir en pleine ville.

Un dernier lassi (boisson au yaourt) et un copieux biryani (riz cuisiné avec des épices) nous donne des forces pour notre prochaine étape: quelques jours de woofing dans une ferme bio!

Bybye Delhi, see you!

Varanasi: Incredible India!

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Bien qu’ayant traversés la frontière indienne depuis une petite semaine, c’est véritablement à la gare de Siliguri que nous rencontrons l’Inde pour la première fois. La température est montée significativement par rapport aux montagnes de Darjeeling. De nombreuses personnes sont assises ou allongées à même le sol dans le hall. Difficile de savoir si elles “vivent” ici ou si elles attendent leurs trains. Des mendiants (hommes, femmes, enfants) nous sollicitent, tout comme des vendeurs ambulants qui proposent de cirer nos chaussures ou de réparer nos fermetures éclairs.

Comme nous avons trois heures d’attente avant de monter à bord de notre train de nuit, nous optons pour un petit restaurant (on choisit celui où il semble y avoir le plus de monde). Nous ne prenons pas trop de risques en commandant des aloo jeera accompagné de nans, c’est à dire des pomme de terre cuisinées au cumin, avec des petites galettes, le plus souvent cuites dans un four spécial appelé “tandoor”. On goûte aussi un curry pomme de terre tomate, pas mal du tout.

L’heure approchant, nous nous dirigeons vers notre quai, dont le numéro change toutes les dix minutes. Entre temps, deux gamins des rues d’une dizaine d’années à peine se menacent armés chacun d’une lame de rasoir, peut-être pour une simple bouteille en plastique ramassée sur le “territoire” de l’autre. La victime tente en vain de faire arbitrer le conflit par les adultes présents qui demeurent indifférents. J’ai le cœur serré (c’est pas en plus comme si je travaillais dans la protection de l’enfance!), mais qu’est ce que je pourrais bien faire…

Notre train arrive finalement avec 1h30 de retard. Du coup, c’est un peu la panique, tout le monde court dans tous les sens. Un vendeur de plateau-repas nous conduit aimablement à notre wagon, en insistant tout de même un peu trop pour qu’on achète notre repas, mais comme on sort tout juste du restaurant, c’est non!

Etant donné que c’est une première, l’organisation des trains indiens demeurent une énigme à nos yeux, tout comme les différentes catégories de “confort”. Nous comprendrons plus tard que nous avons voyagé dans la classe la plus populaire.

Il existe une classe encore moins cher, mais il n’y a de réservation, autant dire que c’est l’émeute (et le mot n’est pas exagéré, certains en viennent aux mains) au moment de s’installer.

C’est donc non sans émotion que nous prenons place dans notre wagon. La première impression est plutôt du genre oppressante: pas de lumière, de minuscules fenêtres avec barreaux, des colis entravent le passage, le wagon est surchargé, des visages qu’on distingue à peine dans l’obscurité nous observent sans relâche, ça sent le renfermé… On se demande un instant ce qu’on fait là.

Puis, les lumières s’allument, les ventilos ventilent, la curiosité de nos voisins s’estompe, et enfin on commence à se détendre.

Viennent ensuite les interrogations pratiques: il y a 6 personnes sur un siège qui compte trois places ?!? Sans chercher plus à comprendre, sur les conseils aguerris d’autres voyageurs, nous demandons aux gens de se déplacer pour pouvoir installer nos couchettes vers 22h (le dossier du siège constituant le lit du milieu) et nous nous laissons bercer par le train.

Au milieu de la nuit, je me réveille face à un policier qui tient un pistolet d’1m50 de long, dont les seuls mots seront:”Keep your bag closer” (garde ton sac plus près de toi). En fait, je ne vois pas comment je pourrais faire mieux avec mon sac, mais je réponds “yes” afin de ne contrarier personne, et je tente de me rendormir. Les vols de sac sont apparemment très fréquents sur cette ligne de train, nous partageons donc notre couchette avec nos bagages, ce qui pour Pierre est un véritable défi Tetris, étant donné la taille standard de la couchette.

Nous arrivons de bonne heure à la gare de Mugal Saraï qui se situe à une dizaine de kilomètres de la gare de Varanasi. Nous empruntons un rickshaw (petit taxi à 3 roues) pour nous y rendre. C’est la foire d’empoigne entre les chauffeurs pour savoir qui va assurer la course. Nous optons pour un rickshaw (très) collectif, c’est à dire huit personnes pour quatre vraies places, plus deux à côté du chauffeur. Le terme promiscuité prend alors toute sa dimension. Heureusement, nos bagages font le trajet sur le toit.

Notre routard nous indique la présence d’un guichet touristique où l’on peut aisément acheter nos billets. Sachant combien il est compliqué d’obtenir des billets de train (longue file, anglais parfois limité, et surtout, des indiens par dizaines qui “doublent”…) nous saisissons cette occasion pour boucler nos trajets jusqu’à Delhi.

Nos billets de train en poche, notre prochaine mission consiste à reprendre un rickshaw, afin de nous rendre dans le quartier de notre hôtel, les difficultés étant multiples: ne pas payer quatre fois le montant réel de la course, ne pas se faire emmener dans l’hôtel proposé par le chauffeur où il touchera sa commission, etc.

En restant ferme, nous réussissons à nous faire déposer là où nous le souhaitons. Nous continuons à pied car le centre ville est constitué de toutes petites ruelles entremêlées, où les vaches, animal sacré par excellence, sont omniprésentes.

Alors, on aime ou on aime pas, la chaleur, l’animation, la promiscuité, les vendeurs ambulants, les rabatteurs, l’ambiance colorée, les odeurs d’encens, d’épices et de vaches… . Nous en tout cas, on est conquis, nous n’imaginions pas l’Inde autrement.

Varanasi est le plus grand lieu saint de l’hindouisme, comme Lourdes pour les catholiques, ou La Mecque pour les musulmans. C’est pour les croyants le point de rencontre du monde physique et du monde spirituel. Dans les faits, il y a peu de choses à visiter en tant que telles (temples, mausolées, forteresses ou palais…) mais l’ambiance y est incomparable et l’animation est à chaque coin de rue.

Varanasi est traversée par le plus sacré des fleuves en Inde: le Gange. Chaque année entre trois et quatre millions de pèlerins viennent y effectuer leurs ablutions rituelles, l’eau du fleuve étant sensée laver de tous les péchés accumulés au cours des vies passées (le pluriel est de mise!).

La ferveur religieuse est donc très marquée. Dès le lever du soleil de nombreux hindous se baignent dans le Gange, le rituel veut qu’on s’immerge trois fois avant tout autre chose. Certains ensuite se savonnent, tandis que les enfants jouent dans l’eau. Les ghâts (quais qui longent le fleuve) sont alors très fréquentés, et se colorent, notamment grâce aux élégants saris dont sont vêtues les femmes.

Je suis assez impressionnée par la tolérance des hindous qui semblent ignorer le flot de touristes qui débarquent en bateau à moins d’un mètre d’eux et qui les mitraillent sans relâche avec leur appareils photos, caméras, tablettes tactiles et autres gadgets électroniques.

D’ailleurs dans la plupart des autres villes, les photos des bains rituels sont interdites. C’est pas plus mal, question de respect.

Nous nous interrogeons sur l’état sanitaire du Gange, étant donné les déchets qui flottent à quelques mètres. D’autant plus qu’après les crémations (parfois incomplètes) les cendres sont “offertes” au Gange, les buffles s’y baignent, et les égouts semblent s’y déverser… Quand on pense que certains en boivent et que les tous jeunes enfants y sont baignés …

Il est à peine 6h du matin, mais il y a affluence autour du temple et les offrandes se multiplient.

Varanasi, en tant que lieu sacré pour les hindous, est aussi la ville où l’on vient pour mourir. La croyance veut que tout hindou qui décède à Varanasi a l’assurance de voir son âme monter au ciel, et évite ainsi le cycle sans fin des renaissances.
Ce désir de mourir auprès du Gange a poussé de nombreux maharajas à construire des palais tout proches du fleuve. Ils sont aujourd’hui laissés à l’abandon.

Les nombreuses crémations ont lieu à ciel ouvert, comme à Pashupatinath au Népal, c’est un acte très ritualisé. Plus la personne que l’on incinère est pauvre, plus son corps se trouve proche de l’eau. Le corps est enveloppé dans un drap orange. C’est le fils aîné qui allume le bûcher après que le corps ait été plongé dans le Gange. Pour l’occasion il a les cheveux rasés à l’exception d’une petite mèche à l’arrière de la tête.

Heureusement, les femmes dont le mari vient de mourir ne se jettent plus vivantes dans le bûcher comme cela se produisait il y a encore quelques dizaines d’années. Cette terrible coutume laisse entrevoir la condition de la femme en Inde, même si les choses tendent à évoluer, surtout dans les villes.

Avec un nombre de crémations très important, la question du bois demeure plus que cruciale, et l’Inde commence à en manquer, ce qui a pour effet, outre une tendance à la déforestation, de faire grimper les prix. Pour tenter de remédier à ce problème, le gouvernement a fait installer un crématorium électrique, probablement utilisé par les personnes les plus pauvres qui ne peuvent assumer le coût financier du bois.

En nous promenant le long des ghâts, l’animation est continue. De nombreuses vaches, bien qu’ayant un propriétaire, se balade librement. Et elles ne sont pas farouches.

Si l’animal est sacré dans toute l’Inde, il l’est encore plus ici. Varanasi disposerait en effet de la plus belle maison de retraite pour vaches de l’Inde!

Lors de la période de “la vache folle”, un des partis politiques indiens aurait proposé de recueillir nos vaches pour leur éviter l’abattoir.

La vache est un animal sacré pour les hindous, car durant les temps difficile de famine, l’animal a toujours eu du lait pour nourrir les enfants. Leurs bouses sont également utilisées comme composts ou pour alimenter les feux. Les habitants les récoltent et les font sécher au soleil sous forme de galettes.

Inutile de préciser donc que les hindous ne consomment pas de bœuf. Les bovins, considérés comme purs, sont enterrés à leur mort.

Nous nous rendons compte qu’après les rituels du matin, les bords du Gange, se transforment aussi en une véritable laverie à ciel ouvert.

Et aussi déroutant que ça l’est pour moi, tout est alors susceptible de se transformer en étendoir à linge, même le sol.

On pourra remarquer ici l’ingéniosité pour suspendre la lessive: pas de pince, mais une double corde dans laquelle on coince un petit coin des habits!

Nous ne nous lassons pas de déambuler sur les quais du Gange et d’observer tout ce fourmillement.

On rencontre plusieurs yogis (maîtres spirituels) qui dispensent leurs enseignements à leur disciples en plein air ou des sâdhus (des hommes qui ont tout dédié à la religion, ils ne possèdent rien et vivent dans la rue grâce à des dons. Ils s’enduisent parfois le corps de cendres.

La misère est bien présente dans ce haut lieu spirituel, certaines personnes semblant vivre sur les quais.

La pauvreté et la misère sont particulièrement difficile à appréhender en Inde, et mon esprit occidental doit sans doute créer des filtres pour supporter l’insupportable. En effet, au fur et à mesure de notre voyage, nous rencontrons malheureusement des halls de gares, des trottoirs, des ronds points, peuplés d’hommes, de femmes et d’enfants qui n’ont sans doute nul autre endroit où dormir. Nous croisons des gamins des rues, pieds nus, qui collectent les déchets et d’autres qui mendient quelques roupies. Il semblerait qu’il existe de véritables gangs d’enfants des rues menés par les plus âgés. Certains enfants seraient mutilés et amputés volontairement pour récolter plus d’argent, d’autres alimenteraient les réseaux de prostitution. En effet, très peu d’enfants des rues sont des filles.

Cela nous interpelle d’autant plus quand on compare cette situation à l’attention portés aux vaches par exemple, et même aux singes, considérés comme animaux sacrés.
Inde, pays des paradoxes pour nos esprits occidentaux!

Dans nos tours et détours dans les ruelles de Varanasi, outre les vaches, se baladent aussi des chèvres et des singes qui semblent autant à l’aise dans la jungle urbaine qu’en pleine nature.

Nous sommes évidemment sollicités de toute part par les rabatteurs et les vendeurs ambulants. Je me fais gentiment avoir par un homme dont j’ignore le statut religieux mais qui m’appose un point de couleur sur le front et me “bénit” sans que j’ai eu le temps de dire quoique ce soit. Evidemment une petite contribution est demandée en retour.

La mendicité et les dons est d’ailleurs une question à laquelle nous sommes confrontés en permanence. De notre côté, nous ne donnons pas aux enfants (pour moi, s’ils gagnent de l’argent, leurs chances d’aller à l’école diminue d’autant plus), ni aux personnes qui, et cela est bien subjectif, semblent en capacité de travailler.

Nous donnons quelques pièces aux personnes mutilés et très âgés. Pierre, sensible à la musique, donne aussi aux musiciens. En revanche, phénomène qui nous apparaît assez incompréhensible, parfois la somme que nous donnons est estimée insuffisante, et la personne la refuse…

Dès que le soleil se couche, la ferveur religieuse reprend sur les bords du Gange. Une importante cérémonie a lieu tous les soirs et rassemble beaucoup d’hindous et de curieux comme nous.

Pour notre dernière journée, nous nous rendons au Golden temple, que nous renonçons à visiter étant donné le nombre de personnes qui attendent à l’entrée.

Nous poursuivons dans le dédale de ruelles pour nous rendre au Nepaleese Temple.

L’endroit nous rappelle quelques souvenirs.

Le temple offre aussi une jolie vue sur les quais du Gange

Chemin faisant, nous nous apercevons que la présence policière est importante aux abords des lieux religieux et dans les zones de passages stratégiques. Nous apprendrons que malgré son apparente tranquillité, Varanasi vit dans un climat de tension religieuse assez important. Par exemple, la mosquée n’est ouverte que le vendredi pour la prière des fidèles.

Nous croisons pas mal d’échoppes plus authentiques les unes que les autres, dont ce vendeur de yaourts.

Après quatre jours passés à Varanasi, il est temps pour nous de reprendre la route, ou plutôt les rails, direction la capitale indienne.

Vous prendrez bien une tasse de Darjeeling?

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Jeudi 11 avril 2013, nous quittons Nargarkot, petit village du Népal afin de nous rendre à Kakarbhitta pour traverser la frontière et enfin faire nos premiers pas en Inde.

L’Inde revêt pour nous une excitation toute particulière, mêlée d’appréhensions diverses et variées, car au delà du fait que c’est notre dernière destination, nous avons entendu tout et son contraire sur ce pays. Une chose est sûre, l’Inde ne laisse pas indifférent!

Mais avant d’en arriver là, de longues heures de transports nous attendent (quelques 18h de trajets!).

Pour la peine, nous optons pour un bus touristique (c’est à dire qui inspire confiance de l’extérieur, mais qui une fois à l’intérieur ressemble à un bus local).

Après quelques sueurs froides, nous arrivons au petit matin à Kakarbhitta, et prenons la décision d’éviter, autant que faire ce peut, l’utilisation des bus pour nos prochains déplacements!

Les douaniers népalais figurent parmi les douaniers les plus sympas qu’ils nous aient été donné de rencontrer au cours de notre voyage. En cinq minutes à peine, toute les formalités sont réglés, et avec le sourire en prime.

Il ne nous reste plus qu’à traverser le pont, avec vue sur les rizières fluorescentes, et nous serons en Inde.

L’agent de l’immigration indienne, quant à lui, met un peu plus de temps à se détendre. Mais bon, on ne lui en veut pas, il n’est pas encore 7h30. En plus l’accent anglais indien n’aide pas toujours pour la fluidité de la conversation. Après avoir remplis plusieurs formulaires, nous finissons par obtenir nos sésames, et notre douanier nous indique même comment poursuivre notre route jusqu’à Darjeeling.

Nous optons pour la solution “bus local” jusqu’à Siliguri, puis jeep “collective” pour les 3 heures de routes sinueuses. “Collective” n’est pas un vain mot, car nous sommes 12 personnes entassées dans le véhicule. Inutile de vous préciser notre soulagement à l’arrivée.

Pour l’instant, nous ne sommes pas vraiment dépaysés, Darjeeling ressemble beaucoup au Népal. De nombreux népalais y habitent et ici on parle beaucoup plus népalais qu’hindi.

Pierre nous dégote un petit hôtel très sympathique pour nous reposer quelques jours, car le trek dans les Anapurnas a quand même laissé des traces!

Dès notre arrivée nous croisons Laurent, un français qui voyage sur les chemins du thé en Inde depuis quelques mois. Il nous emmène goûter de délicieux “momos” (ces fameux petits raviolis fourrés aux légumes ou à la viande) dans une petite échoppe de rue. Nous nous laissons même tenter par un hamburger végétarien. Nous goûtons aussi notre premier “chai” (thé (très) sucré avec des épices et du lait), pas mal du tout!

Laurent, qui a possédé pendant une dizaine d’année un salon de thé dans le sud de la France, nous apprends que le thé de darjeeling est considéré comme le champagne des thés. Ce que la municipalité ne semble pas ignorer: sur cette affiche une tasse de darjeelling partage la vedette avec un verre de champagne et un verre de cognac!

Celà dit, selon notre routard, le meilleur du thé de darjeeling est directement exporté et il est difficile de le goûter sur place (sauf dans les salons de thé très chic). Nous achetons tout de même quelques échantillons que nous dégusterons une fois revenus en France.

Nous nous donnons rendez-vous le lendemain matin avec Laurent pour partir à la découverte de la ville. Mais pendant la nuit, Pierre est malade. Nous nous octroyons donc deux jours de repos absolus.

Notre seule sortie autorisée est sur la terrasse de l’hôtel, où nous avons, à postériori, de bonnes raisons de croire que nous avons croisés deux enquêtrices du routard sans le savoir (elles sont plutôt discrètes à ce sujet).

Heureusement pour nous le restaurant de l’hôtel est plutôt bon. Pierre se régale de pain tibétain accompagné de beurre de cacahuète, son petit péché mignon depuis notre volontariat en Thailande!

Après ces quelques jours de farniente, nous décidons d’aller prendre nos billets de trains pour notre prochaine étape: Varanasi. L’achat des billets de train semblent être toute une aventure. Pour cette fois, on passe par une agence de voyage, même si il y a une petite commission.

Il nous reste deux jours pour profiter de Darjeeling.

Je n’ai pas encore parler de la météo. En effet les magnifiques vues sur les plantations de thés et les cultures en terrasses sont quelques peu cachés par une brume permanente et tenace. Nous aurons même droit à un gros orage avec coup de tonnerres et averse grêle. La température est fraîche, on ne quitte pas nos polaires!

Mais il en faut plus à Pierre pour renoncer à se balader. Ses pas le guide jusqu’au jardin zoologique où il a pu admirer entre autres: tigres, panthères, léopards, et même léopards des neiges, loups blancs, et bien sur l’animal du cru : le yak, que nous n’avons pas eu la chance de croiser pendant notre trek au Népal.

Pierre fait un détour par le musée de l’alpinisme qui présentent tous les équipements qui ont été nécessaires aux différents expéditions.

Le lendemain, Pierre pousse jusqu’aux plantations de thés.

C’est dommage car c’est l’heure de la pause déjeuner, l’usine est donc au plus calme. Pour vous donner une idée de la qualité du thé, la plantation Happy valley destine sa production exclusivement aux magasins Harrods de Londres.

Il est bien agréable de se promener dans les rues de Darjeeling, enfin dans les plus calmes qui échappent aux trafics incessants des nombreuses jeeps (un des seuls moyens de locomotion utilisés dans la région).

En marchant, notre regard est attiré par des dizaines de tuyaux qui courent dans les rues. Nous prenons alors conscience d’un des gros problèmes de l’Inde: l’alimentation en eau. D’une part, l’eau est rare, surtout dans cette région semble-t-il, mais d’autre part, sa distribution est complexe: là où chez nous un gros tuyau commun assure la distribution de l’eau, ici des dizaines de tuyaux particuliers acheminent avec plus ou moins de difficultés l’eau jusque dans les habitations.

Nous croisons régulièrement des habitants qui font la queue avec des bidons pour les remplir aux robinets dans la rue, dont l’eau s’écoule souvent au goutte à goutte. Toutes les maisons ne possèdent pas l’eau courante.

La précarité des hommes de la DDE locale nous interpellent aussi. Ces hommes coupent du bois afin de faire chauffer des bidons entiers de goudrons qu’ils disposent ensuite sur les routes à l’aide de simples brouettes et pelles.


De plus, ils incrustent un à un des petits cailloux dans la route, sans doute pour que les véhiculent agrippent mieux quand le froid est là.

On trouve aussi à Darjeeling des monuments très anglais, qui une fois la nuit tombée, le brouillard présent et les réverbères allumés, donne une ambiance londonienne, les traces de l’ancienne colonie sont bien là…

Après cette petite semaine de repos, nous reprenons la route. La vue est un peu plus dégagée pour cette dernière matinée à Darjeeling.

Nous trouvons une jeep pour nous conduire à la gare de Silliguri. Nous sommes dubitatifs quant aux pneus: une bande de caoutchouc a été rajoutées par dessus le pneu. Mais il semblerait qu’il en soit ainsi pour tous les véhicules!

Nous sommes de nouveaux bien nombreux dans la jeep, mais nous relativisons une fois encore: c’est toujours mieux que de voyager sur le toit ou accrocher derrière. Et c’est parti pour 3h de descente en lacets!

En chemin nous doublons le petit train de la montagne, dont le chemin de fer est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il remplace l’ancien train à vapeur qui n’effectue plus que quelques sorties dans la semaine. Apparemment il faut quand même avoir de bonne jambes pour le prendre!
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De notre côté, nous prenons en fin d’après-midi notre premier train de nuit, une aventure en soi, que je vous raconterai au prochain épisode!

Sur les chemins de Katmandou

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Nous quittons le Vietnam le vendredi 22 mars 2012, après avoir récupéré nos passeports et nos visas pour l’Inde. C’est aussi le moment de dire au-revoir aux parents de Pierre qui ont passé deux semaines avec nous.

Après avoir volé d’Hanoï jusqu’à Bangkok, nous passons la nuit dans l’aéroport, pas si mal installés finalement, avec wifi, prises électriques et canaps à disposition.

Embarquement en début de matinée pour atterrir à Delhi avec 50 minutes de retard. C’est là que les choses se compliquent car notre avion suivant est supposé décoller dans les dix prochaines minutes…

Heureusement pour nous, c’est la même compagnie aérienne qui assure le vol Delhi-Katmandou. Un agent nous attend à la sortie et nous ouvrent les passages secrets de l’aéroport. Façon film d’action, on court dans les couloirs et sur les tapis roulants pendant 20 longues minutes, la nouvelle porte d’embarquement étant évidemment à l’opposé. Le personnel de l’aéroport nous autorise à doubler tout le monde au contrôle de sécurité.

Nous arrivons dans l’avion essoufflés mais sous les applaudissements de Catherine, Vincent et Romain, des amis venus nous retrouver pour partager deux semaines d’aventures népalaises avec nous. Les autres passagers, eux, ont plutôt le regard noir car ça fait une demi heure qu’ils nous attendent dans l’avion prêt à décoller! La suite du vol se passe sans souci.

Après deux heures d’attente à l’aéroport de Katmandou, nous obtenons enfin notre visa. Les choses se compliquent pour récupérer nos bagages, qui n’ont pas eu le temps d’être transférés à Delhi. Leurs arrivées sont prévues par le vol suivant, dans la soirée, mais nous préférons profiter tranquillement de notre fin d’après-midi après deux jours de transit.

Nous trouvons un taxi et rejoignons notre hôtel. L’ambiance, pour notre plus grand plaisir, est bien différente de celle du Vietnam, même si la circulation anarchique et à grand renfort de klaxons demeure ici aussi la norme. Pourtant, on croise régulièrement ce panneau:

La gestion du réseau électrique doit donner quelques sueurs froides à Romain, spécialiste du domaine. C’est en tout cas une grosse difficulté de ce petit pays. La distribution de courant n’est pas continue, il n’y a que quelques heures d’électricité durant la journée.

Nous rencontrons deux français à notre hôtel, Alex et Vanessa, qui sont à Katmandou depuis quelques jours et qui nous conduisent dans un de leur resto favori. Nous goûtons à une des spécialités du coin (même si d’après notre guide ce serait plutôt tibétain): les “Momos”. Ce sont des petits raviolis vapeurs, fourrés au poulet, au fromage, aux légumes, etc. On déguste aussi un “thali”, appelé aussi “Dalbat”, c’est une sorte de plateau repas complet servi à volonté, composé d’une soupe de lentille (le “dal”, d’où le nom dalbat), d’un mélange de légumes souvent épicés et d’un yaourt. On se régale!

Le Dalbat est le plat par excellence que mange les népalais, matin, midi et soir. Il est parfois accompagné de chapati, une galette de blé sans levain.

Nous finissons la soirée dans un bar de Thamel, le quartier animé et touristique de Katmandou.

Le lendemain, tandis que Pierre et moi allons (enfin) récupérer nos bagages à l’aéroport, Catherine et Vincent réservent des billets de bus pour notre prochaine destination: Pokhara.

L’après-midi, nous nous rendons à la Stupa de Swayambunath, appelée aussi Temple des Singes, mais il parait que les locaux n’aiment pas trop cette appellation. Nous traversons la ville à pieds, en passant devant les maisons typiques et les petites échoppes.

Le contraste entre modernité et autres époques se croise presque à chaque coins de rue.

Une bonne série de marches nous attend devant le temple avant d’atteindre les lieux (pour preuve, voir sur la photo au fond à droite 🙂 )

On s’accorde une petite pause au milieu de la montée infernale.

L’ascension en vaut néanmoins la peine, nous avons une vue imprenable sur Katmandou.

Le temple en lui même est un lieu de vie très animé où se côtoient singes, touristes, fidèles, vendeurs ambulants. Partout les drapeaux de prières bouddhistes flottent au vent.

Quelques fidèles allument des bougies ou de l’encens, prononcent quelques paroles et font tourner les moulins à prières.

La stupa est plutôt imposante, on peut y voir le regard de bouddha peint sur sa surface.

Un peu plus loin, nous tentons notre chance auprès d’une statue au pied de laquelle se trouve une sorte de jarre. Si notre pièce tombe dans le mille, c’est la chance assurée! Sinon, ce n’est qu’une roupie de perdue (0,0089€) …

Nous négocions les services d’un taxi pour nous rendre au Jardin des rêves, petit havre de paix dans la ferveur de Katmandou.

La journée s’achève autour d’une Nepal Ice, la bière locale. Mais pas de folies ce soir, car demain, c’est départ 6h pour Pokhara.

De bonne heure et de bonne humeur, nous rejoignons le lieu de départ des bus. C’est parti pour 7 heures de trajet chaotique. La route est sinueuse et défoncée, on est un peu ballotté de tous les côtés, mais les paysages sont magnifiques.

On croise aussi des scènes dignes d’une autre époque, comme cette fabrique de briques.

Dès notre arrivée à Pokhara, nous nous mettons en quête d’un hôtel. Nous séjournerons finalement au Royal Guest House, un hôtel nickel et pas cher. Nous pouvons déjà admirer les sommets enneigés depuis la terrasse.

Avec le gérant de la guesthouse, nous organisons nos 6 jours de trek dans les Annapurnas. Vincent et Catherine ont déjà repéré un parcours pas trop difficile, histoire de profiter pleinement de l’environnement exceptionnel du massif montagneux. Alex (dit Bobby) se joint à nous pour l’aventure.

Mais, des choses plus importantes encore se trament. Demain c’est “Holi”, la fête des couleurs en Inde et au Népal, pour fêter l’arrivée du printemps. Et pour avoir vu des photos sur internet, nous nous mettons en quête de vêtements “jetable” spécialement pour l’occasion. Des t-shirts et pantalons à environ un euro pièce feront l’affaire.

Et nous avons bien fait car en fin de la matinée, ça donne à peu près ça:

A l’aide de sachets de pigments de couleurs, les gens, touristes ou locaux, badigeonnent allègrement de peinture toutes les personnes qui les entourent en proclamant des “happy holi” à tout va.

C’est une fête très populaire et bonne enfant, en tout cas à Pokhara. Il semblerait que ce soit plus “tendu” dans les grandes villes, car c’est le seul jour de l’année où l’ordre social est bouleversé, et les plus frustrés peuvent peinturlurer leurs supérieurs…

La musique est évidemment de rigueur.

Tout le monde se mélange dans un joyeux bazar.

Il faut aussi lever la tête pour savoir déjouer les seaux d’eau colorée lancés depuis les balcons.

A la fin de la journée on ne sait plus qui est qui !

Malgré une douche “tonique”, la plupart d’entre nous gardent quelques traces en souvenir de cette journée mémorable.

Il est temps maintenant de préparer nos sacs de treks car demain nous partons à la conquête de l’Annapurna.
A nous les sommets enneigés!! (et sans doute aussi les courbatures…)

La “baie d’Halong terrestre”

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Mardi 19 mars 2013, notre train en provenance de Sapa arrive en gare d’Hanoï de bon matin (5h, ça pique un peu!). Nous patientons pour acheter des billets au guichet officiel et non à un petit vendeur à la sauvette qui tente sa chance auprès de nous. Une heure plus tard, nous partons pour la ville de Ninh Binh, connue aussi sous le nom de “baie d’Halong terrestre”.

A notre arrivée, avant de nous atteler à la recherche d’un hôtel, nous nous arrêtons prendre le petit déjeuner.

Tandis que nous nous rendons dans le centre-ville pour nous loger, nous constatons une fois encore que le scooter est un moyen de transport aux ressources illimitées:

Après avoir déposés nos bagages et pris une douche, nous louons deux scooters afin de partir explorer les environs. Comme à chaque fois, la première chose à faire et de trouver une station essence car le niveau est toujours au mini, voir insuffisant pour les parents de Pierre qui tombent en panne sèche! Heureusement, la station essence n’est plus qu’à 200 mètres

Nous quittons la ville peu après midi, non sans difficultés pour trouver la bonne route. Nous apprécions de nous retrouver dans la campagne et apercevons déjà les prémices de la baie d’Halong terrestre, à savoir ces pics rocheux géants plantés au milieu des rizières.

Nous nous arrêtons à Bich Dong, un petit temple en hauteur qui nous offre un joli panorama, après une escalade un peu périlleuse.

La route est très agréable. Nous sillonnons un peu au hasard dans les rizières, en savourant le paysage.

En chemin, nous croisons une femme qui nous propose un tour en bateau. Les parents de Pierre la prennent comme passagère pour nous rendre à l’endroit prévu, car elle veut ne veut pas démarrer du départ officiel pour ne pas à avoir à payer de taxe.

Mais quelques minutes plus tard, le portable de la femme sonne: on annule tout! Pas sure que cette balade aurait été approuvées par les autorités.

C’est donc sans déception que nous poursuivons notre route jusqu’au lieu officiel des balades en barques, endroit que nous avions soigneusement évités le matin même devant l’afflux de touristes.

Mais en fin d’après-midi, les canaux sont presque déserts. Le nombre d’embarcations donne quand même une petite idée du taux de fréquentation intense de ce lieu en pleine journée.

Nous profitons du cadre pour faire une petite halte et déguster des ananas découpés avec soin par notre vendeuse:

Une chèvre qui passait par là en profite aussi pour se régaler avec les “trognons”. Ca nous rappelle à Pierre et à moi nos petits cabris du Chili!

Mais déjà le soleil se couche, nous nous pressons pour rentrer à l’hôtel avant qu’il fasse nuit noire, Ninh Binh ne faisant pas exception au mode de conduite anarchique du pays.

Le lendemain, nous réenfourchons nos bolides pour nous rendre au temple de Bai Dinh. C’est le plus grand complexe bouddhique du pays. Face aux nombres élevés de touristes, je laisse Pierre et ses parents partir à la découverte du lieu et me pose dans un coin en les attendant.

Quelques minutes à peine après leurs départs je suis gentiment assaillie d’une vingtaine d’élèves vietnamiens qui s’assoient autour de moi, me prennent en photos. On essaye de communiquer en anglais ce qui compte tenu de mon niveau, du leurs et de nos accents respectifs, est assez épique. Leur professeur se joindra à nous. Tandis qu’on me questionne à l’infini sur moi (mon âge, mon métier, si je suis mariée et si je souhaite avoir des enfants plus tard…) et sur ce que je pense du pays (la nourriture, les gens, les paysages…), Pierre et ses parents poursuive la découverte des lieux.

Le temple renferme, entre autres, plusieurs imposants bouddhas de bronze, ainsi qu’une impressionnante collection de petites statues à son effigie.

Une haute tour est en cours de construction sur le site qui ne cesse de se développer semble-t-il.

Pierre fait l’acquisition d’un dollar en or (et oui!) que l’on peut apercevoir sur cette photo.

Nous reprenons la route dans un décor un peu plus sec, mais tout aussi agréable.

Après quelques kilomètres, nous nous arrêtons dans un petit village que nous parcourons à pied.

Pierre est même mis à contribution avec les enfants pour refermer le pont après le passage d’un bateau.

Nous visitons un dernier monument avant de rentrer à l’hôtel, il s’agit du site de Hoa Lu, ancienne capitale du Vietnam. Après avoir transféré la capitale à Hanoi, le roi y fit construire de nombreux temples et pagodes. Quelle différence existe-il entre un temple et une pagode? sur internet la question ne semble pas complètement tranchée. Si quelqu’un en sait plus, qu’il n’hésité pas!

La visite se fait néanmoins au pas de course, car la journée est presque finie et nous avons un peu de route pour rentrer.

Nous prenons tout de même le temps de grimper jusqu’à un temple (ou une pagode?) situé sur une colline. Le panorama se mérite étant donné l’accès rendu assez difficile par les roches qui semblent affûtées comme des rasoirs.

Finalement, la vue annoncée par le guide n’est pas aussi belle à cause de la brume.

Nous ne nous attardons pas plus longtemps et prenons le chemin du retour.

Le lendemain, nous rentrons par le train à Hanoï. C’est notre avant-dernier jour au Vietnam, et en compagnie des parents de Pierre. Pour fêter ça, nous testons la spécialité du coin : la bière fraîchement brassée à prix défiant toute concurrence (0,20€).

Dégustée en immersion dans la rue au milieu du carrefour, la bière est encore meilleure.

Samedi 23 mars, c’est le jour des adieux! Tandis que les parents de Pierre profitent de leur dernière journée pour se balader à Hanoï, Pierre et moi nous récupérons nos passeports et nos visas indiens à l’ambassade avant de nous rendre à l’aéroport!

Goodbye Vietnam! Welcome to Népal!

Bienvenue à Sapa, chez les H’Mong noirs

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Fraîchement débarqués de notre excursion dans la baie d’Halong, il nous reste quelques heures pour prendre notre repas avant de nous rendre à la gare d’Hanoï. Comme on ne change pas les bonnes habitudes, nous nous rendons à notre petit restaurant de Bun bo préféré.

Nous nous dirigeons ensuite vers la gare et prenons place dans le train de nuit qui nous attend déjà, Sapa nous voilà!

Le train couchette ressemble à ceux en France, si ce n’est que le matelas est symbolique et que la clim est réglée à fond. Je m’endors avec la couette, mon sac de couchage et mon manteau! 😉

Nous arrivons à Lao Cai le lendemain vers 7h. Comme nous avons pris un tour organisé pour ne pas perdre trop de temps, nous sommes pris en charge dès notre arrivée et ce jusqu’au trajet de retour en train. Un mini bus nous transfert de Lao Cai à Sapa. L’organisation laisse cependant un peu à désirer car nous attendons pendant 1h30 des passagers qui arrivent avec le train suivant. Mais nous restons positif : au moins, nous voyagerons assis à l’intérieur du bus, pas comme ces canards!

Nous sommes très en retard sur le programme lorsque nous arrivons à l’hôtel. Un autre changement nous attend, alors que nous devions passer notre première nuit à l’hôtel (pour récupérer des nombreuses heures de transports accumulés depuis la baie d’Halong) on nous annonce que nous partons finalement en trek dès ce matin.

Bon, si il en est ainsi! Nous prenons notre petit dej en 10 min chrono et nous nous hâtons de préparer nos sacs pour les deux journées de treks, l’hôtel gardant nos gros bagages.

Nous faisons connaissance avec les autres personnes de notre groupe qui patientent depuis un bon moment (de quoi bien commencer!). Heureusement notre guide nous présente un sourire radieux!

C’est avec deux heures de retard que nous commençons à marcher, ce qui est bien regrettable car au lieu d’emprunter des petits chemins à travers les cultures en terrasses, nous longeons la route. Heureusement les paysages sont magnifiques, bien qu’il n’y ait pas beaucoup de soleil.

C’est tout un groupe de jeunes filles, pour la plupart adolescentes qui nous accompagne. Elles sont reconnaissables grâce à l’habit traditionnel de leur ethnie, les H’mongs noirs.

Par la grande “route”, nous rattrapons notre retard et sommes dans les temps pour le déjeuner.

Nous poursuivons la balade pour nous rendre dans un petit village où nous passerons la nuit chez l’habitant. Le temps se couvre rapidement laissant place à une brume assez épaisse.

Celà donne un petit côté mystique à l’endroit.

A notre arrivée, on nous offre une tasse de thé vert traditionnel. Puis nous choisissons nos lits. Le couchage est assez sommaire, mais ce n’est pas désagréable.

Les conditions de vie dans les montagnes sont assez dures. La cuisine se fait au feu de bois, et, elle est vraiment délicieuse.

Nous nous régalons avec les différents curries (= plats accompagnant le riz), préparés avec soin par notre hôte. Nous avons même droit à plusieurs tournées “d’Happy Water” (alcool de riz) pour finir la soirée de bonne humeur.

Pour notre plus grand plaisir, nous empruntons les petits chemins le lendemain. Le temps est même un peu plus dégagé.

Les paysages sont vraiment époustouflants.

Nous rejoignons notre hôtel en début d’après-midi.
Tandis que nous nous reposons Pierre et moi, ses parents partent se balader dans Sapa et au bord du lac.

Le lendemain, nous repartons en rando pour la journée en direction des villages de Cat Cat et de Sin Chai.
Nous passons devant le marché de Sapa.

Nous marchons autour de différentes zones de cultures. Le paysage est toujours aussi agréable. Nous traversons quelques rivières.

Nous croisons plusieurs scènes de vie quotidienne avant de parvenir à une imposante cascade.

Nous assistons ensuite à un spectacle de danse traditionnelle.

Bien que très touristique, l’endroit garde un certain charme.

Nous rentrons à l’hôtel en partageant les escaliers avec un troupeau de buffles.

Nous nous étonnons encore et toujours de ce qu’il est possible de transporter à bord d’un scooter. Ce sujet devrait mériter à lui seul un article.

Nous profitons de la terrasse pour notre dernier repas à l’hôtel, car le soleil est au rendez-vous. Puis nous montons à bord du train, dans lequel nous passerons encore une nuit.

Dès le lendemain matin, nous reprenons nos habitudes de routards sans pack “all inclusive” pour visiter notre prochaine destination : la baie d’Halong terrestre.

Good morning Vietnam

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Mercredi 27 février 2013 (oui, il y a plus d’un mois :-/ ), nous quittons le Cambodge à bord d’un minibus, direction la frontière avec le Vietnam. Le contraste entre le niveau de vie des deux pays est plutôt saisissant, même en ce qui concerne les postes frontières.

Nous sommes un peu dubitatifs lorsque le chauffeur réclame les passeports de tous les passagers, mais les formalités concernant la sortie du Cambodge sont groupés, et nous n’avons pas besoin de nous présenter en personne.

Nous passons ensuite sous la majestueuse porte du Vietnam où flotte le drapeau vietnamien, comme partout dans le reste du pays. Le visa d’entrée dans le pays doit être demandé avant l’arrivée sur le territoire (nous l’avons fait à Bangkok), les démarches sont donc assez rapides.

Après quelques kilomètres, nous changeons de bus, direction Can tho. Nous pensions naïvement avoir une petite expérience de ce que pouvait être la conduite intrépide. C’était sans compter la technique vietnamienne qui consiste en un véhicule lancé à vive allure, qui annonce son passage à grand renfort de coups de klaxon à décorner un buffle, et ce quelque soit le lieu ou l’heure de passage. Le véhicule ne ralentit sous aucun prétexte : piétons, vélos, scooters et poulets n’ont qu’à bien se tenir!

C’est sans doute la conduite la plus dangereuse au cours de notre voyage (même si on peut supposer que l’inde ne sera pas en reste), car non seulement la circulation est anarchique, avec des sens de circulation donné à titre indicatif, mais le phénomène, couplé à la vitesse nous donne quelques sueurs froides.

Remis de nos émotions, nous réservons une excursion (très) matinale le lendemain pour nous rendre aux marchés flottants à plusieurs kilomètres de Can Tho. L’effervescence des marchés a lieu avant 8h. C’est donc dans la pénombre de la nuit que nous prenons place Pierre et moi dans une petite embarcation.

Lorsque le jour se lève nous arrivons sur le lieu du premier marché flottant:

Chaque bateau est spécialisé dans la vente d’une seule espèce de fruit ou de légume. Le vendeur annonce son produit en le suspendant en haut d’un mat.

Tandis que nous naviguons en direction du second marché, nous nous arrêtons dans une fabrique de feuilles de riz. L’organisation est bien rodée. Les femmes disposent de louches et versent sur des “crêpières” une pâte assez liquide, vraisemblablement composé de riz pilé. La galette de riz cuit quasiment instantanément sur le feu alimenté par les écorces de riz (rien se perd, rien ne se crée, tout se transforme!).

Dès que les galettes de riz sont cuites, les hommes les décollent et les posent sur des grandes nattes tressées.

Les centaines de nattes sont ensuite disposées à l’air libre pour sécher au soleil.

Une fois que les galettes de riz sont bien sèches, certaines sont découpés à l’aide d’une machine pour réaliser les fameuses nouilles de riz que nous retrouvons dans les délicieux plats vietnamiens que nous dégustons.

Avant de quitter la fabrique, nous passons devant un petit hérisson qui essaye de faire le mur.

Pendant ce temps, notre capitaine nous a préparé un ananas qu’il a épluché avec soin:

Nous continuons notre balade dans le dédale de canaux qui constitue le delta du Mékong. Nous arrivons au coeur du deuxième marché flottant.

Arrêt incontournable de l’excursion: la petite pause repas à 10h. C’est volontiers que nous commandons des rouleaux de printemps frais (sans doute les meilleurs du pays), ainsi que des nems. Nous sommes réveillés depuis 4h30 du matin, et le petit dej a été frugal.

Pour rejoindre notre embarcation, nous nous baladons le long de la rivière, traversant au péril de notre vie 😉 des ponts en bambous.

Les fleurs et fruits poussent en nombre dans ce petit coin de paradis.

Notre balade touche à sa fin, encore une bonne heure de navigation pour rentrer à bon port, et nous allons directement faire la sieste!

Demains nous reprenons la route en direction de l’océan. J’en connais un qui va être content 😉

Phnom Penh, capitale du Cambodge

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ATTENTION, LES PROPOS DE CET ARTICLE PEUVENT HEURTER LE JEUNE PUBLIC

(Je pense particulièrement à toi Emile, il est préférable que tu lises cet article accompagné de ton papa ou de ta maman. A bientôt, gros bisous!)

Jeudi 21 février 2013, nous arrivons à Phnom Penh. Tandis que je garde les bagages, Pierre part à la recherche d’une chambre d’hôtel. Nous logerons finalement au Capitol, l’hôtel de la compagnie de bus, bien que l’adresse soit déconseillée par le Routard (sans toutefois en préciser les raisons). Nous ne regrettons pas notre choix : propre, calme, bien situé, le tout pour un un budget correct.

Le temps de déposer nos affaires, d’avaler un steak-frites (après plusieurs mois en Asie, il fait bon manger autre chose que des nouilles sautées ou du riz frit 😉 ), nous négocions les services d’un chauffeur de tuk-tuk pour l’après-midi.

Au Cambodge plus qu’ailleurs, les chauffeurs de tuk-tuks sont particulièrement réactifs pour proposer leurs services aux touristes, n’hésitant pas à courir après les bus alors que ceux-ci ne sont pas encore stationnés ou à nous héler avant même que nous passions le pas de porte de l’hôtel! Pas toujours évident à gérer, surtout quand les chauffeurs commencent à se crêper le chignon pour savoir qui assurera la course.

Cet après-midi, nous nous rendons sur le site des “Killing Fields” à une quinzaine de kilomètres du centre-ville. C’est un lieu de mémoire important pour le Cambodge. De 1975 à 1979, les khmers rouges, un mouvement politique et militaire a pris le pouvoir du pays au terme de plusieurs années de guerre civile. Ce régime est aussi connu sous le nom de “Kampuchéa démocratique”, dirigé principalement par Pol Pot.

Ce parti politique a mis en place une dictature chargée de créer une société communiste sans classe, de s’affranchir de l’influence capitaliste et coloniale occidentale ainsi que de la religion, le tout dans une autarcie complète et dans une extrême violence. Les Killing Fields sont un camp d’extermination où des milliers de personnes (hommes, femmes, enfants) ont été tués par les khmers rouges.

Nous visitons ce lieu avec beaucoup d’émotions. L’excellent récit énoncé en français par un cambodgien nous accompagne durant toute la visite grâce à un audioguide et nous donne des informations précieuses pour tenter de comprendre.

L’ambiance du lieu est particulière, très calme, avec une végétation importante, ce qui contraste d’autant plus avec l’horreur des faits.

Nous déambulons parmi les fosses. Certaines sont encore intactes, les corps des victimes n’ont pas été exhumés.

C’est à la fois surréaliste et difficile de se confronter à la réalité de cette manière. Régulièrement les gardiens collectent à même le sol les vêtements et les os des victimes qui remontent à la surface.

Je reste abasourdie devant ce génocide, qui n’est d’ailleurs pas reconnu comme tel par la communauté internationale, du fait que Pol Pot a massacré très majoritairement son propre peuple. Des opposants au régime furent exécutés, mais aussi des intellectuels, des médecins, des moines. Porter des lunettes ou parler une autre langue était considéré comme un crime. L’organisation du camp donne froid dans le dos: par exemple, les balles de fusil étant trop onéreuses, les victimes étaient assassinées avec n’importe quel outils. Pour éviter que les voisins entendent les exécutions, des haut-parleurs diffusaient des chants révolutionnaires à plein volume.

Un peu plus loin, la visite nous conduit devant un arbre couvert de bracelets. C’était le lieu d’exécutions de bébés qu’on assommait à mort contre le tronc.

Le site comporte également un mémorial en forme de stupa qui a été édifié en 1988. Il contient des milliers de crânes des victimes, et les habits qu’ils ont retrouvés, on peut y voir notamment des shorts d’enfants.

Inutile de dire que nous rentrons bien secoués de cette visite.

Heureusement notre balade nocturne pour trouver de quoi nous restaurer nous permet de nous changer les idées. Nous tombons par hasard sur un temple majestueux.

Après quelques instants, nous nous rendons compte qu’il s’agit du mausolée qui a accueilli le cercueil de l’ancien roi en attendant sa crémation début février. Norodom Sihanouk, père du roi actuel, est décédé le 15 octobre dernier. Son décès a beaucoup touché les cambodgiens qui ont observé plusieurs périodes de deuils vêtus de blanc et de noir, à l’image des couronnes de fleurs encore présentes.

Pour le plaisir de nos papilles nous trouvons un petit restaurant qui sert des spécialités indonésiennes: brochette de saté, gado-gado (légumes accompagnés de sauce cacahuète). Mmmmmh, un vrai délice!

Le lendemain nous nous rendons au musée de Tuol Sleng. Ce musée est un ancien lycée qui a été transformé par les Khmers rouges en centre de détention, de torture et d’exécution. L’endroit portait comme nom de code : prison de Sécurité 21 ou S-21.

Les lieux ont été conservés comme tels:

Kang Kek Ieu, plus connu sous le nom de Duch, maitre des lieux, était très organisé dans sa folie, au point d’enregistrer et de photographier chaque personne, à son arrivée et à son décès.

Outre les conditions de vie très dures (entassement des personnes dans les cellules, déplacements entravés, nourriture insuffisante, etc.) les prisonniers étaient mortellement torturés pour qu’ils avouent des faits qu’ils n’avaient pas commis afin de légitimer les actions des khmers rouges. On les accuse entre autres d’être des opposants au système, d’être en lien avec la CIA, etc. L’éducation était interdite, tout comme la religion. Les écoles étaient transformés en prison, les mosquées en porcheries.

Ci-dessous une photo de la potence où les personnes étaient pendues, puis réanimées en étant plongées dans des jarres d’eau souillées.

Certains étages de l’ancien lycée ont été réquisitionnés en salles de tortures.

D’autres ont été réaménagés en toutes petites cellules où les prisonniers étaient parqués.

La plupart des gardiens de cette prison étaient des enfants et des adolescents âgés de 10 à 15 ans. On peut en effet constater des petites ouvertures à la hauteur des yeux d’un enfant pour surveiller à l’intérieur des cellules. Manipulés par les adultes, ces enfants devenaient de plus en plus durs avec les prisonniers.

Le règlement donne à lui seul un aperçu de toute la cruauté des lieux.

C’est assez fou d’imaginer l’existence de ce lieu en pleine capitale. Mais il faut savoir que les khmers rouges ont fait évacuer complètement Phnom Penh et ont envoyé les habitants travailler dans les champs pour assurer leur indépendance alimentaire. Le régime voulait multiplier par trois les récoltes de riz, ce qui était bien entendu impossible. Hommes, femmes et enfants étaient séparés et envoyés dans des villages différents, afin que leurs investissements personnels soient pleinement consacrés au parti.

Le nombre total de victimes du régime des khmers rouges est assez difficile à estimer et pourrait aller jusqu’à 40% de la population. Concernant la prison S21, selon les registres tenus, entre 16 000 et 20 000 adultes ont péri, ainsi que 2000 enfants. Personne n’a réussi à s’évader, et seulement 7 personnes ont survécu à la libération du camp.

La reconnaissance des crimes par la justice est un combat difficile.
Pol Pot, le grand chef du parti a été mis en détention en 1997 et est mort l’année suivante sans avoir eu à répondre des crimes commis sous son régime.

Ce n’est qu’à partir de 2004 que des chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens ont été mises en place, sous la pression internationale. Le premier responsable khmer rouge à passer en jugement a été Duch, le responsable de la prison S-21, il a été condamné en 2010 à 30 ans d’emprisonnement. Il a fait appel de cette décision: il est à nouveau condamné le 3 février 2012, mais cette fois-ci à la prison à vie.

Arrêtés en 2007, d’autres responsables ont été condamnés en 2011 pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

Tous les cambodgiens gardent une trace de ce drame, les personnes de plus de 35 ans étant touchés directement par ce massacre, sans parler de leurs familles.

Encore une fois, nous sortons bouleversés de cette visite: comment un homme peut-il organiser le massacre de son propre peuple? Comment a-t-il pu le faire en toute impunité? Comment ceci a pu se passer il y a moins de 40 ans? Comme l’écrit le routard, ce sont plutôt des sites de recueillement que de tourisme, mais dans lesquels il faut se rendre car “certaines personnes voudraient tout oublier et détruire ces lieux. Or on sait trop bien que de l’absence de témoignages concrets né la révision et de la révision l’amnésie”.

Le lendemain, notre journée est plus légère que les deux précédentes. Nous nous rendons au marché russe, qui n’a de russe que le nom! Il étaient apparemment fréquentés il y a plusieurs années par une importante clientèle russe. On y trouve rien de bien extraordinaire. Le Népal approchant bientôt, j’ai cherché en vain un pull en remplacement de celui oublié dans un bus au Laos, mais trop petit, trop grand, trop fashion, trop salissant, bref, j’ai remis à plus tard!

Nous nous régalons toutefois avec une assiette de nouilles et de rouleaux de printemps frits pour 1 dollar.

Sur le chemin du retour nous croisons une suite de chars, prêts à défiler.

Notre séjour dans la capitale cambodgienne s’achève déjà, nous partons le lendemain pour Kampot, petite ville située au bord d’une rivière. C’est pas la mer, mais c’est bien quand même!

Sur les bords du plus grand lac d’Asie du Sud-Est

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Lundi 18 février 2013, nous quittons Siem Reap et les magnifiques temples d’Angkor pour la petite ville de Kompong Chhnang (à mes souhaits). Oui, les noms des villes cambodgiennes sont aussi difficiles à orthographier qu’à prononcer, et l’affaire se complique encore plus quand il s’agit de prendre des billets de bus. Prière de ne pas confondre avec Kompong Cham!

Il n’y a pas de bus direct qui dessert cette ville peu touristique. Nous faisons donc une halte à Battambang, pour prendre une “correspondance”. Nous arrivons à la tombée de la nuit. On ne perd pas beaucoup de temps pour choisir un hôtel, étant donné que la ville n’en comporte que deux ou trois. Idem pour les restaurants, il n’y en a qu’un digne de ce nom. Il deviendra le QG de nos papilles pour les deux prochains jours.

Même si celà ne se voit pas à première vue, la ville de Kompong Chhnang est située au bord du plus grand lac d’Asie du Sud-Est. Le centre ville est particulièrement bouillonnant et bruyant.
Mais à quelques coups de pédales, le paysage urbain est très rapidement remplacé par les maisons sur pilotis et les rizières au vert électrique.

De même, les nombreux et joyeux “hellooo” des enfants se substituent aux incessants coups de klaxons à mesure que nous nous éloignons de l’agitation citadine.

Nous apprécions pleinement le calme de la campagne khmer.

Enfin, calme jusqu’à la sortie de l’école, où des centaines d’élèves à vélos occupent alors les rues.

Nous visitons également le marché situé au centre-ville, il est plutôt basique et rudimentaire de part son installation. Les allées pour circuler sont étroites. Nous évitons soigneusement le “coin viande”.

L’un des points d’intérêts de Kompong Chhnang est un village flottant de pêcheurs vietnamiens.

Pour une poignée de dollars, nous louons les services d’une navigatrice hors pair qui manie son embarcation avec brio et nous balade pendant une heure dans le village flottant.

Nous sommes vraiment impressionnés par les maisons et l’organisation de ce lieu “extraordinaire” qui possède tous les attributs d’un village ordinaire: garage, pompe à essence, ferme de cochons, supérette, étals de poissons, école…

Ici, la supérette est aussi mobile:

Les enfants apprennent très tôt à se déplacer seuls avec les embarcations:

ou avec des moyens du bord:

En tout cas, leur “pied marin” se développe très tôt.

Nous croisons aussi des pêcheurs:

Certaines maisons sont en plus ou moins bon état (photo réalisé sans trucage):

Nous en avons pris plein les yeux dans ce dédale de canaux qui semble d’une autre époque, et il est temps pour nous de mettre pied à terre. Nous reprenons nos bicyclettes pour rejoindre notre hôtel.

Dans la campagne, les charrettes tirées par des boeufs côtoient les véhicules motorisés.

Même à secs, les rizières offrent un panorama des plus agréables.

Au soleil rasant, les maisons s’habillent d’une couleur particulière qui rend l’atmosphère assez magique.

Comme à l’aller, les enfants ne manquent pas de nous saluer à notre passage.

A voir leurs sourires, on peut parier que c’est la première fois qu’ils voient un homme aussi grand et avec autant de cheveux faire du vélo! 😉

Nous arrivons à l’hôtel alors que le soleil se couche, nous offrant une fois encore un joli spectacle.

Demain nous partons plus au Sud en direction de Phnom Penh, capitale du Cambodge.