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Une pincée de poivre

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Nous continuons notre descente du Cambodge en direction du sud. Nous faisons étape à Kampot, ville connue pour son célèbre poivre.

La ville est en effet assez prisée des touristes mais moins des habitants! Après l’agitation de Phnom Penh, nous avons l’impression d’arriver dans une ville fantôme à Kampot. Il faut dire que la ville a été très lourdement touchées par les combats de 1978 entre Vietnamiens et Khmers rouges. La ville renaît peu à peu de ses cendres mais il reste encore beaucoup de bâtiments en ruines, et les larges avenues désertes ne contribuent pas à insuffler la vie dans cette ville.

Nous faisons quelques kilomètres dans la campagne avant de trouver un coin plus sympa, au bord de la rivière, où plusieurs petits hôtels se sont installés. Nous séjournons au Bungalow Kampot river.

L’hôtel possède une superbe terrasse surplombant la rivière où il fait bon flâner. La nourriture y est délicieuse et le staff très accueillant. Pour 6$ nous avons le droit à un petit bungalow en bois et en feuilles de palmiers, avec salle de bain privée au rez-de-chaussée.

Nous profitons des vélos prêtés gracieusement par l’hôtel pour aller faire un tour dans le centre de Kampot. La place principale est ornée d’un magnifique durian géant, heureusement inodore 😉

Face à ces rues toujours aussi désertes nous décidons de nous rendre au marché, principal lieu de rassemblement des villes asiatiques, et en effet on y trouve un peu plus d’animation. On y vend du poivre noir bien-sûr :

Mais aussi toutes sortes de choses, comme du poisson séché, de la pâte de poisson, de la poudre de poisson, des légumes, ou encore des chaussures, qui semblent tout juste avoir été déversées d’un camion benne!

“Je veux celle en bas à droite m’sieur!”

Le lendemain, nous louons une moto pour aller visiter les environs. Comme d’hab, nous avons le droit à une Honda Dream, une petit moto semi-automatique que j’affectionne particulièrement, et qui a du se vendre par millions dans toute l’Asie. (Je me suis renseigné pour en rapatrier une en France, mais apparemment ce n’est pas homologué chez nous…freinage pas assez efficace! ).
Nous nous rendons à Kep, aussi appelée Kep-sur-mer pendant la colonisation française. La route est constituée d’une alternance de terre, de bitume, de boue et de poussière, et nous mettons presque une heure pour parcourir 25 kilomètres.

C’est une station balnéaire construite par les français. On y trouve un remblais qui longe la cote, jusqu’à une petite plage. C’est très agréable, on se croirait dans le sud de la France !

Malheureusement, la ville à également souffert pendant la période Khmers rouges. Seule une rue reste active. En quittant le front de mer on arrive dans un réseau de grandes avenues, complètement désertées et sur-dimensionnées. On peut voir des belles villas abandonnées, dont certaines portent encore les traces des balles Khmers.

Nous ne pouvons pas passer à Kep sans goûter au crabe, le symbole de la ville. Après un petit tour au marché de fruits de mer, nous nous arrêtons dans un des nombreux restaurants avec vue sur mer et nous dégustons un succulent crabe de Kep au poivre vert de Kampot.

Nous repartons, repus, à la recherche de Angkoul beach, une plage soit disant paradisiaque mais un peu difficile à trouver. En effet, il nous faut solliciter à maintes reprises l’amabilité des cambodgiens. Même si la plupart ne parlent pas anglais, ils nous aident bien volontiers à trouver notre chemin. Les derniers kilomètres se font sur une piste de terre rouge, au milieu des marais salants, c’est magnifique.

Après avoir traversé un village de pécheurs, nous arrivons enfin à Angkoul beach (du moins on suppose). Nous partageons la plage entière avec une seule autre famille cambodgienne.

Pendant que Géraldine se pose dans un hamac pour bouquiner, je vais faire trempette. L’eau n’est pas si claire que sur les plages thaïlandaises, mais la baignade est quand même agréable.

A mon retour, je m’aperçois que Géraldine n’est pas restée seule longtemps. Des enfants du village l’on rejoint et s’amusent avec l’iPhone.

Nous ne nous éternisons pas trop car nous voulons rentrer avant la nuit, étant donné l’état de la route qui nous attend.

Nous dînons à l’hôtel où se déroule l’anniversaire d’une des filles de la famille propriétaire des lieux. Tout le monde à le droit à une part de gâteau, même les clients de l’hôtel.

Je ne pensais pas que je goûterai un jour ces gros gâteaux crémeux que nous voyons partout dans des vitrines, mais finalement ce n’est pas si écœurant que ça en a l’air !

Nous passons une dernière journée plus tranquille sur la terrasse de l’hôtel, à trier des photos, mettre à jour le blog et prévoir la suite de notre parcours.

Je me baigne un peu dans la rivière et Géraldine s’amuse avec son nouvel ami, un petit chaton âgé de quelques semaines.

Nous annulons notre dernière étape au Cambodge, et décidons de passer la frontière vietnamienne dès le lendemain. En effet, nous nous rendons compte qu’il nous reste à peine 10 jours pour faire plus de 2000 kilomètres jusqu’à Hanoi, au Nord du Vietnam où nous devons rejoindre mes parents.

Phnom Penh, capitale du Cambodge

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ATTENTION, LES PROPOS DE CET ARTICLE PEUVENT HEURTER LE JEUNE PUBLIC

(Je pense particulièrement à toi Emile, il est préférable que tu lises cet article accompagné de ton papa ou de ta maman. A bientôt, gros bisous!)

Jeudi 21 février 2013, nous arrivons à Phnom Penh. Tandis que je garde les bagages, Pierre part à la recherche d’une chambre d’hôtel. Nous logerons finalement au Capitol, l’hôtel de la compagnie de bus, bien que l’adresse soit déconseillée par le Routard (sans toutefois en préciser les raisons). Nous ne regrettons pas notre choix : propre, calme, bien situé, le tout pour un un budget correct.

Le temps de déposer nos affaires, d’avaler un steak-frites (après plusieurs mois en Asie, il fait bon manger autre chose que des nouilles sautées ou du riz frit 😉 ), nous négocions les services d’un chauffeur de tuk-tuk pour l’après-midi.

Au Cambodge plus qu’ailleurs, les chauffeurs de tuk-tuks sont particulièrement réactifs pour proposer leurs services aux touristes, n’hésitant pas à courir après les bus alors que ceux-ci ne sont pas encore stationnés ou à nous héler avant même que nous passions le pas de porte de l’hôtel! Pas toujours évident à gérer, surtout quand les chauffeurs commencent à se crêper le chignon pour savoir qui assurera la course.

Cet après-midi, nous nous rendons sur le site des “Killing Fields” à une quinzaine de kilomètres du centre-ville. C’est un lieu de mémoire important pour le Cambodge. De 1975 à 1979, les khmers rouges, un mouvement politique et militaire a pris le pouvoir du pays au terme de plusieurs années de guerre civile. Ce régime est aussi connu sous le nom de “Kampuchéa démocratique”, dirigé principalement par Pol Pot.

Ce parti politique a mis en place une dictature chargée de créer une société communiste sans classe, de s’affranchir de l’influence capitaliste et coloniale occidentale ainsi que de la religion, le tout dans une autarcie complète et dans une extrême violence. Les Killing Fields sont un camp d’extermination où des milliers de personnes (hommes, femmes, enfants) ont été tués par les khmers rouges.

Nous visitons ce lieu avec beaucoup d’émotions. L’excellent récit énoncé en français par un cambodgien nous accompagne durant toute la visite grâce à un audioguide et nous donne des informations précieuses pour tenter de comprendre.

L’ambiance du lieu est particulière, très calme, avec une végétation importante, ce qui contraste d’autant plus avec l’horreur des faits.

Nous déambulons parmi les fosses. Certaines sont encore intactes, les corps des victimes n’ont pas été exhumés.

C’est à la fois surréaliste et difficile de se confronter à la réalité de cette manière. Régulièrement les gardiens collectent à même le sol les vêtements et les os des victimes qui remontent à la surface.

Je reste abasourdie devant ce génocide, qui n’est d’ailleurs pas reconnu comme tel par la communauté internationale, du fait que Pol Pot a massacré très majoritairement son propre peuple. Des opposants au régime furent exécutés, mais aussi des intellectuels, des médecins, des moines. Porter des lunettes ou parler une autre langue était considéré comme un crime. L’organisation du camp donne froid dans le dos: par exemple, les balles de fusil étant trop onéreuses, les victimes étaient assassinées avec n’importe quel outils. Pour éviter que les voisins entendent les exécutions, des haut-parleurs diffusaient des chants révolutionnaires à plein volume.

Un peu plus loin, la visite nous conduit devant un arbre couvert de bracelets. C’était le lieu d’exécutions de bébés qu’on assommait à mort contre le tronc.

Le site comporte également un mémorial en forme de stupa qui a été édifié en 1988. Il contient des milliers de crânes des victimes, et les habits qu’ils ont retrouvés, on peut y voir notamment des shorts d’enfants.

Inutile de dire que nous rentrons bien secoués de cette visite.

Heureusement notre balade nocturne pour trouver de quoi nous restaurer nous permet de nous changer les idées. Nous tombons par hasard sur un temple majestueux.

Après quelques instants, nous nous rendons compte qu’il s’agit du mausolée qui a accueilli le cercueil de l’ancien roi en attendant sa crémation début février. Norodom Sihanouk, père du roi actuel, est décédé le 15 octobre dernier. Son décès a beaucoup touché les cambodgiens qui ont observé plusieurs périodes de deuils vêtus de blanc et de noir, à l’image des couronnes de fleurs encore présentes.

Pour le plaisir de nos papilles nous trouvons un petit restaurant qui sert des spécialités indonésiennes: brochette de saté, gado-gado (légumes accompagnés de sauce cacahuète). Mmmmmh, un vrai délice!

Le lendemain nous nous rendons au musée de Tuol Sleng. Ce musée est un ancien lycée qui a été transformé par les Khmers rouges en centre de détention, de torture et d’exécution. L’endroit portait comme nom de code : prison de Sécurité 21 ou S-21.

Les lieux ont été conservés comme tels:

Kang Kek Ieu, plus connu sous le nom de Duch, maitre des lieux, était très organisé dans sa folie, au point d’enregistrer et de photographier chaque personne, à son arrivée et à son décès.

Outre les conditions de vie très dures (entassement des personnes dans les cellules, déplacements entravés, nourriture insuffisante, etc.) les prisonniers étaient mortellement torturés pour qu’ils avouent des faits qu’ils n’avaient pas commis afin de légitimer les actions des khmers rouges. On les accuse entre autres d’être des opposants au système, d’être en lien avec la CIA, etc. L’éducation était interdite, tout comme la religion. Les écoles étaient transformés en prison, les mosquées en porcheries.

Ci-dessous une photo de la potence où les personnes étaient pendues, puis réanimées en étant plongées dans des jarres d’eau souillées.

Certains étages de l’ancien lycée ont été réquisitionnés en salles de tortures.

D’autres ont été réaménagés en toutes petites cellules où les prisonniers étaient parqués.

La plupart des gardiens de cette prison étaient des enfants et des adolescents âgés de 10 à 15 ans. On peut en effet constater des petites ouvertures à la hauteur des yeux d’un enfant pour surveiller à l’intérieur des cellules. Manipulés par les adultes, ces enfants devenaient de plus en plus durs avec les prisonniers.

Le règlement donne à lui seul un aperçu de toute la cruauté des lieux.

C’est assez fou d’imaginer l’existence de ce lieu en pleine capitale. Mais il faut savoir que les khmers rouges ont fait évacuer complètement Phnom Penh et ont envoyé les habitants travailler dans les champs pour assurer leur indépendance alimentaire. Le régime voulait multiplier par trois les récoltes de riz, ce qui était bien entendu impossible. Hommes, femmes et enfants étaient séparés et envoyés dans des villages différents, afin que leurs investissements personnels soient pleinement consacrés au parti.

Le nombre total de victimes du régime des khmers rouges est assez difficile à estimer et pourrait aller jusqu’à 40% de la population. Concernant la prison S21, selon les registres tenus, entre 16 000 et 20 000 adultes ont péri, ainsi que 2000 enfants. Personne n’a réussi à s’évader, et seulement 7 personnes ont survécu à la libération du camp.

La reconnaissance des crimes par la justice est un combat difficile.
Pol Pot, le grand chef du parti a été mis en détention en 1997 et est mort l’année suivante sans avoir eu à répondre des crimes commis sous son régime.

Ce n’est qu’à partir de 2004 que des chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens ont été mises en place, sous la pression internationale. Le premier responsable khmer rouge à passer en jugement a été Duch, le responsable de la prison S-21, il a été condamné en 2010 à 30 ans d’emprisonnement. Il a fait appel de cette décision: il est à nouveau condamné le 3 février 2012, mais cette fois-ci à la prison à vie.

Arrêtés en 2007, d’autres responsables ont été condamnés en 2011 pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

Tous les cambodgiens gardent une trace de ce drame, les personnes de plus de 35 ans étant touchés directement par ce massacre, sans parler de leurs familles.

Encore une fois, nous sortons bouleversés de cette visite: comment un homme peut-il organiser le massacre de son propre peuple? Comment a-t-il pu le faire en toute impunité? Comment ceci a pu se passer il y a moins de 40 ans? Comme l’écrit le routard, ce sont plutôt des sites de recueillement que de tourisme, mais dans lesquels il faut se rendre car “certaines personnes voudraient tout oublier et détruire ces lieux. Or on sait trop bien que de l’absence de témoignages concrets né la révision et de la révision l’amnésie”.

Le lendemain, notre journée est plus légère que les deux précédentes. Nous nous rendons au marché russe, qui n’a de russe que le nom! Il étaient apparemment fréquentés il y a plusieurs années par une importante clientèle russe. On y trouve rien de bien extraordinaire. Le Népal approchant bientôt, j’ai cherché en vain un pull en remplacement de celui oublié dans un bus au Laos, mais trop petit, trop grand, trop fashion, trop salissant, bref, j’ai remis à plus tard!

Nous nous régalons toutefois avec une assiette de nouilles et de rouleaux de printemps frits pour 1 dollar.

Sur le chemin du retour nous croisons une suite de chars, prêts à défiler.

Notre séjour dans la capitale cambodgienne s’achève déjà, nous partons le lendemain pour Kampot, petite ville située au bord d’une rivière. C’est pas la mer, mais c’est bien quand même!

Sur les bords du plus grand lac d’Asie du Sud-Est

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Lundi 18 février 2013, nous quittons Siem Reap et les magnifiques temples d’Angkor pour la petite ville de Kompong Chhnang (à mes souhaits). Oui, les noms des villes cambodgiennes sont aussi difficiles à orthographier qu’à prononcer, et l’affaire se complique encore plus quand il s’agit de prendre des billets de bus. Prière de ne pas confondre avec Kompong Cham!

Il n’y a pas de bus direct qui dessert cette ville peu touristique. Nous faisons donc une halte à Battambang, pour prendre une “correspondance”. Nous arrivons à la tombée de la nuit. On ne perd pas beaucoup de temps pour choisir un hôtel, étant donné que la ville n’en comporte que deux ou trois. Idem pour les restaurants, il n’y en a qu’un digne de ce nom. Il deviendra le QG de nos papilles pour les deux prochains jours.

Même si celà ne se voit pas à première vue, la ville de Kompong Chhnang est située au bord du plus grand lac d’Asie du Sud-Est. Le centre ville est particulièrement bouillonnant et bruyant.
Mais à quelques coups de pédales, le paysage urbain est très rapidement remplacé par les maisons sur pilotis et les rizières au vert électrique.

De même, les nombreux et joyeux “hellooo” des enfants se substituent aux incessants coups de klaxons à mesure que nous nous éloignons de l’agitation citadine.

Nous apprécions pleinement le calme de la campagne khmer.

Enfin, calme jusqu’à la sortie de l’école, où des centaines d’élèves à vélos occupent alors les rues.

Nous visitons également le marché situé au centre-ville, il est plutôt basique et rudimentaire de part son installation. Les allées pour circuler sont étroites. Nous évitons soigneusement le “coin viande”.

L’un des points d’intérêts de Kompong Chhnang est un village flottant de pêcheurs vietnamiens.

Pour une poignée de dollars, nous louons les services d’une navigatrice hors pair qui manie son embarcation avec brio et nous balade pendant une heure dans le village flottant.

Nous sommes vraiment impressionnés par les maisons et l’organisation de ce lieu “extraordinaire” qui possède tous les attributs d’un village ordinaire: garage, pompe à essence, ferme de cochons, supérette, étals de poissons, école…

Ici, la supérette est aussi mobile:

Les enfants apprennent très tôt à se déplacer seuls avec les embarcations:

ou avec des moyens du bord:

En tout cas, leur “pied marin” se développe très tôt.

Nous croisons aussi des pêcheurs:

Certaines maisons sont en plus ou moins bon état (photo réalisé sans trucage):

Nous en avons pris plein les yeux dans ce dédale de canaux qui semble d’une autre époque, et il est temps pour nous de mettre pied à terre. Nous reprenons nos bicyclettes pour rejoindre notre hôtel.

Dans la campagne, les charrettes tirées par des boeufs côtoient les véhicules motorisés.

Même à secs, les rizières offrent un panorama des plus agréables.

Au soleil rasant, les maisons s’habillent d’une couleur particulière qui rend l’atmosphère assez magique.

Comme à l’aller, les enfants ne manquent pas de nous saluer à notre passage.

A voir leurs sourires, on peut parier que c’est la première fois qu’ils voient un homme aussi grand et avec autant de cheveux faire du vélo! 😉

Nous arrivons à l’hôtel alors que le soleil se couche, nous offrant une fois encore un joli spectacle.

Demain nous partons plus au Sud en direction de Phnom Penh, capitale du Cambodge.

Et ça continue Angkor et Angkor

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A la suite de nos deux semaines de volontariat, nous quittons définitivement la Thaïlande. Après une nuit dans le train, 7h d’attente à la gare et encore quelques heures de train, nous arrivons à la frontière au niveau d’Aranya Prateth (Thaïlande). Nous y passons une nuit car nous ne voulons pas traverser la frontière le soir (risque d’arnaque plus élevé). D’autant que nous avons entendu que la traversée de la frontière cambodgienne n’était pas une partie de plaisir (Les douaniers demandent un bakchich si on ne veut pas attendre toute la journée notre coup de tampon, ou encore, ils organisent de fausses visites médicales, toujours pour soutirer de l’argent).

Le lendemain matin nous partons à pied pour la frontière (3-4 km) et après une dizaine de minutes nous avons la chance d’être pris en stop par de gentils thaïlandais! Après un rapide tour dans le border-market, nous arrivons au poste frontière, et nous nous rendons compte que nous ne sommes pas les seuls.

Il faut dire que cette porte d’entrée au Cambodge est très fréquentée car elle permet de se rendre aux temples d’Angkor, notre destination également. Nous arrivons ensuite au bureau de l’immigration cambodgienne pour demander notre visa. Un panneau officiel indique 20$ et une feuille manuscrite scotchée en dessous rajoute “+ 100 Bahts”. Nous donnons uniquement les 20$ par personne…et ça passe!

Nous voici au Cambodge, nous échangeons donc nos derniers bahts thaïlandais contre la monnaie locale: le dollars US ! Il existe bien une monnaie officielle : le riel, mais elle n’est utilisée que pour les petites coupures (1000 riels = 0,25 USD). Pas facile de s’y retrouver au début ! En gros, les deux monnaies cohabitent : les dollars US pour les “grosses” sommes et les riels en guise de centimes.

Nous partageons un taxi avec un couple de République Tchèque pour nous rendre à Siem reap, à 160km. La ville est assez encombrée en ce moment car c’est le nouvel an chinois, donc beaucoup de touristes sont en vacances ici. La plupart des guesthouses petit budget sont complètes et nous finissons par prendre un lit en dortoir au Garden village guesthouse.

Finalement cette solution offre un bon rapport confort/prix (2$/nuit/personne) et nous y resterons 3 nuits.

Nous louons des vélos le lendemain pour visiter la ville. A vrai dire il n’y a pas grand chose à voir à Siem Reap même; la raison pour laquelle la ville héberge autant de touristes, ce sont les temples d’Angkor, situés à quelques kilomètres. Le plus célèbre est Angkor wat, le temple représenté sur le drapeau du Cambodge. Mais l’ensemble du site archéologique, qui s’étend sur des dizaines de kilomètres, compte en réalité 287 temples! Il faudrait plusieurs semaines pour tous les visiter. Du fait de notre passion plutôt mitigée pour l’Histoire, nous optons pour le pass une journée qui nous semble amplement suffisant pour en prendre plein les yeux.

Nous profitons de nos vélos pour aller acheter nos billets d’entrée pour le lendemain. Cela nous évitera l’attente au guichet demain, et surtout, cela nous permet d’entrer dès aujourd’hui à partir de 17h, pour profiter du coucher de soleil.

Nous ne sommes pas vraiment époustouflés par Angkor wat. Après l’avoir vu sous tous les angles sur des photos ou des cartes postales, la réalité est un peu fade, démystifiée par d’immenses échafaudages sur la façade centrale et des centaines de visiteurs qui s’empressent dans ses allées.

Heureusement, c’est la fin de la journée. Le temple se vide rapidement et nous offre des endroits entièrement déserts, où l’on ressent un peu plus la magie du lieu.

Nous rentrons la nuit tombée. Pédaler dans le tumulte de la circulation de Siem reap est assez sportif! La conduite est totalement anarchique au Cambodge, il n’y a pas de règle au carrefour (en général, c’est le plus gros véhicule ou le chauffeur le plus téméraire qui passe en premier) et le sens de circulation sur chaque voie n’est donné qu’à titre indicatif…

Nous nous couchons tôt car une longue journée nous attend demain: Nous avons réservé un tuk-tuk du lever de soleil jusqu’au coucher du soleil afin de visiter une dizaine de temples.

Réveil à 4h30, j’ai beau être matinal, j’ai mal 😉
Nous attendons notre tuk-tuk à 5h.
5h30, il semble que notre chauffeur nous ait poser un lapin ! Heureusement, il n’y a pas de problème au Cambodge, il n’y a que des solutions! Un autre tuk-tuk nous propose ses services pour le même prix (25$). Nous avons de la chance dans notre malheur puisque notre nouveau chauffeur est une crème! Très sympathique, il parle plutôt bien anglais, il conduit prudemment et est toujours à notre service. N’hésitez pas à l’appeler au 0884140495 (Khen) si vous avez besoin de ses services.

Voici la liste des temples qui nous attendent : Lever de soleil sur le bassin de Srah Srang, Ta Prom, Banteay Samré, Banteay Srei, Ta Som, Neak Pean, Preah Khan, Bayon et coucher de soleil du haut de la colline de Phhnom Bakkheng.

Le lever de soleil n’a rien d’exceptionnel à cause de la brume matinale et nous nous demandons pourquoi nous nous sommes levés si tôt !? Nous avons notre réponse en visitant Ta Prom dès l’aurore. Nous sommes quasiment les seuls sur le site et les éclairages du soleil rasant sont magnifiques. Nous sommes subjugués par la beauté du lieu. Il s’agit d’un temple qui a été peu rénové et dans lequel on a laissé la végétation faire sont travail.

On se prend pour Lara Croft ou Indiana Jones dans ces ruines envahies par la jungle.

Nous errons dans les ruines pendant presque une heure car le site est relativement grand mais déjà des cars de chinois commencent à débarquer (Je n’ai rien contre les chinois, mais étant donné que c’est le nouvel an chinois en ce moment, ils arrivent en masse!)

Nous continuons notre visite par un second temple un peu excentré, qui lui aussi est quasiment désert : le Banteay Samré.

Il est en très bon état comparé à celui d’avant.

Nous reprenons le tuk-tuk pour un bon bout de route car le temple suivant est situé à 25km d’Angkor. Il s’agit d’un temple en grès rose dont les bas-reliefs sont si finement sculptés qu’on attribue ce travail à des femmes (comme si les hommes n’étaient pas capables de faire un travail de précision 😉 ).

Des singes montent la garde devant les portes des bibliothèques.

En chemin, notre chauffeur nous arrête pour acheter quelques melons locaux, que nous dégusterons avec lui. Il nous montre aussi le fruit du palmier à sucre :

Nous avons goûté l’intérieur du fruit, c’est assez insipide. Les cambodgiens le font bouillir pour récupérer le sucre.

De retour vers Angkor, le “petit” temple de Ta Som nous réserve de belles surprises car lui aussi est laissé en proie à la végétation. La porte principale située à l’arrière du temple est emprisonnée dans un arbre énorme.

Comme dans la plupart des temples des enfants sont envoyés pour vendre toutes sortes de souvenirs aux visiteurs. C’est tout bénef pour les parents qui les surveillent depuis leur hamac. En plus, ils doivent vendre plus que leurs parents avec des arguments comme: “I need money to go to school”…

L’après-midi est déjà bien avancé quand nous nous rendons au Preah Khan, un des plus grands temples que nous ayons visité. C’est une véritable ville; d’après le guide du routard, près de 47 000 personnes étaient attachées à son entretien pendant l’ère angkorienne.

Nous finissons notre “marathon des temples” par le Bayon, un des plus célèbres.

Pour admirer le coucher du soleil, nous grimpons la colline surplombée par le Phhnom Bakkheng. Le temple n’a rien d’exceptionnel mais sa situation offre un très beau panorama sur Angkor.

Nous nous couchons éreintés mais des images plein la tête. Le lendemain nous nous autorisons une journée de repos bien méritée avant la prochaine étape beaucoup plus “rurale”.